mercredi 21 août 2019

Street art.En ville ouvrez les yeux vous êtes dans un musée

Mr Voul, Saint Pierre, Culkeen



Street art. En ville ouvrez les yeux vous êtes dans un musée.

Le street art ne se limite pas au mouvement graffiti. Le qualificatif de street art n’est pas une manière moins subversive de parler du graffiti. Le street art dit bien ce qu’il est «de l’art dans la rue», qu’il s’agisse d’espace public, privé, autorisé ou illégal, à partir du moment ou une œuvre est offerte gratuitement à tous les regards il s’agit de street art. Le graffiti en est une branche.

La plupart des graffeurs, lettreurs, fresquistes ont commencé par le tag, en posant là ou ils sont certains d’être vu des flops vandales. La question ne se pose pas de savoir si c’est de l’art ou pas, si c’est beau ou pas. C’est de l’art et c’est beau ! même si ça ne plaît pas,, parce que, soit disant ça salit.

Posez vous trois questions. Est-ce que vous doutez du caractère artistique d’une calligraphie taoïste exécutée en un éclair ? Est-ce que l’espace urbain est si beau qu’on doive à tout prix se priver d’écrire dessus ? Est-ce que les publicités qui l’envahissent sont belles et artistiquement intéressantes ? Trois fois non.

Cependant je ne reprocherai à quiconque de lutter contre, de poursuivre les tagueurs, et d’effacer leurs «cochonneries». Les tagueurs vandalisent, les policiers les poursuivent, les mairies et les propriétaires privés jouent du Karcher et repeignent. Chacun est dans sont rôle.

Il n’est pas contradictoire de voir dans le tag son caractère artistique, parce que le geste l'est et qu’il a engendré une la scène graffiti qui occupe aujourd’hui une place importante dans l’art contemporain et en même temps assumer son caractère illégal donc répréhensible.

Toute oeuvre dans la rue, même grandiose, même géniale est éphémère parce qu’elle est fille du tag et a gardé une part de son caractère sulfureux. S’y ajoute, bien sur, la rue avec les malveillants, les jaloux, les frustrés qui décollent et saccagent par plaisir malsain. Et puis il y a la pluie, le vent le soleil et le temps qui passe qui également contribuent à l’usure et à la destruction.

La rue n’est pas seulement ouverte aux graffeurs. Je ne pense pas que Ernest Pignon Ernest, considéré à juste titre, comme un précurseur du street art, soit un ancien tagueur. Il est difficile de rien affirmer concernant le mystérieux Banksy, mais il ne semble pas que le pochoir comme les collages soient issus du graffiti.

Les artistes de rue dont je souhaite parler ont un parcours inverse à celui des graffeurs. Alors que les graffeurs ont commencé dans la rue et finissent pour certains en atelier et exposent en galerie, eux sont illustrateurs, graphistes, peintre ou sculpteur en atelier. Ils n’ont pas l’esprit vandales ils choisissent la rue pour être vus du plus grand nombre et si possible reconnus. Organiser une exposition en galerie n’est pas toujours facile et ne touche qu’un public limité.
De plus en plus d’artistes issus de différentes filières d’art graphique ou d’écoles des beaux arts, profitent des espaces intimistes des coeurs de ville, peu propices aux grandes fresques pour donner à voir librement leurs créations.

Ces univers artistiques sont souvent bien aboutis et l’amateur éclairé sait les identifier à leur style. Les modes d’expression sont multiples presque illimités : des pochoirs, des collages élaborés avec toute sortes de techniques, de la mosaïque, des faïences, du modelage ou des découpages de divers matériaux et même des BMX

Les oeuvres étant souvent de petite taille elles aiment à s’afficher en grappes sur un même mur. Les artistes se connaissent, s’accueillent de ville en ville et organisent des sessions de collage amicales et festives. L’intérêt est aussi que les oeuvres en groupe ont plus de lisibilité, En plus le voisinage d’artistes à forte notoriété tel Invader ou Oré attire les amateurs et surtout les photographes qui vont les publier sur Instagram.

Les passants en ville sont souvent indifférents voire aveugles aux oeuvres qu’il voient sans les regarder. Il existe cependant de plus en plus d’amateurs éclairés qui connaissent et «chassent» les oeuvres. Il y a également des visites guidées street art, organisées par les offices de tourisme ou des associations. Ce public averti fait le lien avec les réseaux sociaux et en particulier Instagram qui permet de diffuser les images et de tisser un réseau, national et même international de folowers.  

Si les artistes sont aussi attentifs à l’emplacement de leurs oeuvres et à leur voisinage avec d’autres artistes, s’ils transforment leurs sessions collage en événements c’est pour booster leur présence sur Instagram et pour certains d’entre eux faire connaître leur boutique en ligne, leurs expositions et les événements auxquels ils participent.

Pour augmenter leur notoriété ces artistes deviennent nomades. Ils vont s’afficher de villes en villes dans tout le pays et même au delà. Ils établissent des collaborations et tissent des réseaux. Ils sont attendus par des amateurs de plus en plus nombreux, dont je suis bien sur, et qui recherchent leurs oeuvres et développent une culture et une connaissance de cette branche du street art.


Grâce à tous ces artistes les coeurs de nos villes et même au delà deviennent des musées à ciel ouvert. Des musées éphémères soumis aux destructions, y compris par les brigades des villes préposées aux tags, aux intempéries et à l’usure, mais des musées toujours renouvelés et riche en découvertes.

Merci à eux qui transforment nos villes en chasse aux trésors et donnent à voir de la beauté à ceux qui savent regarder.

21 août 2019*


Jace

Monsieur BMX sert de support à des skate board cassés
Sanko  (lèvres)  et Orco (écureuil)


Une cox de Oups

Sailor


Loco


Zek
Big Ben

Baudugo

Noon

Ose


Djeko, Mara


artiste non identifié
Sunra

Mifamosa, Invader, le rang d'honneur, inconnu

Crying Sailor

Oups



Cukeen, crying sailor, Botero pop

Cole et Crying Sailor


Le Rang d'honneur


Crying Saolor, Botero Pop



Culkeen, Imagine§co


Débit de Beau et inconnus



Jace

Orco

Matrioch cake

Whoups

Reine Aneda


Orco



Matrioch Cake, Botero Pop, Mymuseis

Invader, le rang d'honneur

mardi 20 août 2019

Graffiti "Soit on garde tout, soit on efface tout..." (Mode 2)

Texte intégré par Mode 2 à sa fresque dans le Verdanson




Il n’a pas fallu une semaine pour que des fresques réalisées dans le Verdanson par des artistes de grande notoriété venus de France entière mais aussi de Montpellier soient recouvertes d’inscriptions et de noms de crew en lettrages sommaires.
Le monde du graffiti a ses règles mais traîne aussi des rancunes tenaces. Ce monde est difficilement pénétrable par qui n’y appartient pas. Le néophyte intéressé par le graffiti peut cependant s’interroger sur ce qui pousse certains tagueurs ou graffeurs, pas forcément les plus médiocres d’ailleurs, à saccager le travail de ceux qui, par leur talent, ont acquis une certaine notoriété.

Le graffiti interroge la notion de beau. Il est enfant du tag et le tag n'a pas vocation à être beau mais à inscrire dans l'espace public, autorisé ou non, l'identité de son auteur. 
Le tag dit juste "regardez c'est moi !" mais pas "regardez c'est beau,!". La beauté d'un tag vient d'un geste calligraphique rapide comme l'éclair. Ce geste spontané qu'est le flop, évolue chez certains vers le graf, la lettre, la fresque qui offrent des beautés plus conventionnelles. 

Le public aime la beauté quand elle n'est pas subversive.  Cette  beauté se vend et l'artiste peut y gagner la reconnaissance et en vivre.
A un moment donné coexistent des graffeurs- tagueurs qui revendiquent une pureté vendable et contestataire et des graffeurs, lettreurs fresquiste qui ont souvent débuté vandales, mais qui ont évolué dans le choix de leurs supports ajoutant la toile aux murs des villes. Ils sont en quelque sorte rentrés dans le système. 

Ils appartiennent tous au même univers artistique et ce n'est pas la notion de beau ou de laid qui les sépare. Le laid n'existe pas dans une expression artistique. Ce qui les sépare c'est que l'un est resté sauvage, ou plutôt dans l'illégalité, le terme est moins connoté,  et l'autre est entré dans la légalité, certains diraient le système. L'un revendique la pureté et accuse l'autre de compromission avec la société et l'argent. 
Le toyage des fresques est une affaire de famille. Ce n'est finalement pas très grave parce que, s'il est une notion sur laquelle tout le monde s'accorde, c'est le caractère éphémère de l'art urbain. Les artistes urbains sont mus par le plaisir de faire, pas celui de durer.

Allez y, défoulez vous, joyeux tagueurs, les murs appartiennent à ceux qui les prennent et le talent n’est pas seulement une affaire de reconnaissance.

20 août 2019

Toy sur Alexone-Dizac et Bault

Inscription sur BomK

Inscriptions sur Difuz

fr
Fresque non taguée de Mode 2 (partie)
























vendredi 9 août 2019

Fucking méditation-Collapse

Lerab  Ling 

Fucking méditation - Collapse

Comment vivre avec la peur de l’effondrement de notre civilisation et la culpabilité de porter une part de responsabilité dans les problèmes de la planète terre ?

Vivre ici et maintenant ! parce qu’on n’a pas le choix et qu’il faut faire avec
.
Je suis d’une génération qui a profité de la paix et du progrès sous toutes ses formes; progrès de la démocratie, libertés individuelles, construction de l’Europe, avancée des droits sociaux, égalité des sexes, droit à l’avortement, arrêt de la peine de mort, mariage pour tous....En plus globalement la période était prospère et le confort était au rendez-vous.

Les motifs d’inquiétude, cependant, sont multiples : Réchauffement Climatique, montée des populismes, arrivée au pouvoir de gouvernements ouvertement climatosceptiques, socialement rétrogrades, identitaires, donc hostiles à la coopération internationale et à toute immigration, tensions internationales, conflits,  atteintes à la démocratie; violence sous toutes ses formes, verbales sur les réseaux sociaux, physiques sur les femmes ou les minorités.

Socialement rien n’est acquis, mais surtout la terre nous présente aujourd’hui la facture de ce qu’on lui a pris pour vivre bien.

A l’angoisse pour l’avenir s’ajoute la culpabilité de porter la responsabilité du changement climatique qui annonce bien des déboires pour les générations futures.Vivre aujourd’hui c’est porter ce poids et tenter de réparer, mais c’est aussi s’efforcer à vivre bien, vivre heureux, profiter des heures et des jours qui passent.

Telle est la fucking méditation du jour.

L’humanité a tout foiré

Nous sommes à tous instants soumis à des discours anxiogènes. Il est certain qu’il y a des raisons de s’inquiéter. Les prophètes de malheur occupent les médias pour nous convertir à la décroissance et nous engager sur une multitude de croisades dérisoires pour sauver la planète.

La terre se réchauffe

Le climat change, laissant place à des événements climatiques extrêmes, dévastateurs et donc coûteux en argent mais aussi en ressources : Canicules, pluies diluviennes se traduisant par des inondations, incendies de plus en plus fréquents même dans les zones proches du pôle,

La banquise fond et le niveau des océans s’élève, la faune polaire perd ses repères et disparaît,

La fonte du permafrost libère des gaz à effet de serre aggravant le réchauffement climatique.

La biodiversité se réduit : disparition d’espèces utiles à l’homme surtout pour son alimentation directement : poissons, ou indirectement : Insectes pollinisateurs, oiseaux;

Les espaces sauvages reculent face à la poussée démographique et à la spéculation alimentaire.

La forêt primaire disparaît au profit de cultures industrielles. Les poumons verts de la planète s’amenuisent avec leur biodiversité, leurs animaux, éléphants, tigres et bien d’autres, pour laisser place aux dollars, aux pesticides et à la dévastation.

Le constat est connu. Il suffit de quelques jours de canicule, d’une inondation ou d’une grêle dévastatrice, chez nous ou tout près de chez nous, pour que la panique s’installe. Greta Thunberg en remet une couche devant l’assemblée nationale. Les experts confirment que de mémoire de météorologue d'historien et même de préhistorien, on n’a jamais vu un mois de juillet aussi chaud. La télé aligne ses experts et ses contre experts. C’est vrai il y en a encore qui pensent que l’homme n’est pour rien dans tout ça, que de tout temps le climat a changé. C’est vrai mais ils ont tort, cette foi on ne peut pas prétendre que notre gabegie consommatrice depuis deux siècles n’y est pour rien.

L’homme est responsable du réchauffement climatique.

Je suis d’accord avec Michel Serre, on vit mieux aujourd’hui que depuis des siècles et des siècles. Plus de confort ( j’y inclus l’alimentation et l’usage d’objet qui facilitent la vie), plus de sécurité, plus de liberté, plus de paix, enfin pas pour tout le monde. Je pense aussi nous avons obtenu ce mode de vie avantageux à crédit. Nous avons emprunté à la terre de quoi améliorer notre condition. Nous nous sommes servi sans compter dans les ressources naturelles, énergie, matières premières, aliments et lui avons rendu nos ordures. Des monceaux d’ordures et de déchets plastiques, qui polluent la terre, les océans et étouffent les poissons. Ah maudits soient les contenants en matière plastiques, si pratiques, mais si durables. Ils prennent leur revanche.

Le problème n’est pas d’utiliser les ressources de la terre, elles nous sont offertes de toute éternité. Tous les atomes de matière sur terre et dans le cosmos constituent notre corps. Le problème ce n’est pas de nous être servi, au prix souvent de beaucoup de travail. Le temps des chasseurs cueilleurs est depuis longtemps révolu et il faut beaucoup de sueur pour se nourrir, se loger et se vêtir. Le problème c’est l’avidité mais aussi la futilité des humains. N’oublions pas non plus leur cruauté, parce que le «progrès» s’est construit sur l’esclavage, l’exploitation des plus pauvres, le massacre du sauvage, la maltraitance des animaux d’élevage et même la domination des femmes.

L’humanité est-elle aveugle ou inconsciente ? non l’humanité est avide, elle est égoïste. L’humain veut tout, tout de suite, pour lui et ses enfants. Il se fiche bien des autres et des générations futures. Au fond aujourd’hui malgré les minuscules concessions auxquelles nous consentons pour «sauver la planète». Il n’y a pas grand monde aujourd’hui pour s’inquiéter vraiment de l’avenir de l’humanité. La sobriété heureuse de Pierre Rabhi ne fait que peu d’émules.  

Faire un geste pour la planète

La sobriété c’est génial, on peut être sobre avec voiture, sans voiture, en voyageant en avion ou en y renonçant, en mangeant de la viande ou en étant végétarien ou végan. La sobriété à géométrie variable, c’est de la bonne conscience low cost.

Tout le monde s’accorde sur ce slogan débile qui nous est servi à toutes les sauces :"faire un geste pour la planète", juste pour causer dans le poste et donner bonne conscience aux gentils citoyens.. Nous n’avons rien trouvé de mieux pour faire baisser le thermomètre que d’inciter à trier nos déchets, éteindre l'électricité, économiser l’eau, boire dans une gourde. C’est le minimum quand même pour un citoyen digne de ce nom ! Les pauvres l’ont toujours fait. Économiser a, de tout temps été la conduite des pauvres. On ne gaspille pas l’eau, la nourriture, on éteint la lumière, on se couvre quand il fait froid. Aujourd’hui on appelle ça, faire un geste pour la planète. Fadaise infantilisante de se faire rabâcher par la télé ce qu’ont toujours dit mes parents.

Les médias et les politiques, jouent sur notre culpabilité individuelle, pour faire de la bonne conscience le moteur de nos actions. Ils  proposent comme remèdes de petits gestes qui devraient être naturels mais ne remettent surtout pas en cause notre manière de vivre. Aller jeter nos bouteilles au conteneur de récupération du verre en 4X4, est-ce bien écolo ?

Bonne conscience à deux balles. C’est le colibri de Pierre Rabhi qui m’agace tant.
Mettre en action un colibri sur un incendie dont une escadrille de canaders ne viendrait pas à bout, c’est ridicule. Les bonnes habitudes, les conduites économes et responsables devraient être la norme, simplement une manière de vivre civilisée. En faire un remède contre le réchauffement climatique est une supercherie. Une manière de traiter nos concitoyens comme des attardés en accréditant l’idée d’une responsabilité individuelle face au réchauffement et en créant un sentiment de culpabilité qui ne peut avoir que des effets délétères.

Alors ils sont ou les Canaders du réchauffement climatique ? Eh bien les hommes qui nous dirigent.devraient être nos bombardiers d’eau. Les pays contrairement aux individus, n’ont pas de conscience et ne cherchent aucune rédemption. Ils ont les moyens d’apprécier la situation et de proposer des solutions en s’appuyant sur des expertises incontestables. L’urgence de la situation devrait les y inciter. Mais entre résistance au changement, guéguerres politiciennes et lobby sans morale, ils n’ont pas totalement les coudées franches.

Aucun pays ne devrait échapper à une politique environnementale digne de ce nom. Même les plus petits ont les moyens de prendre les mesures propres à enrayer la production de gaz à effet de serre par la mise en place d’une politique énergétique à base de ressources renouvelables moins polluantes que les énergies fossiles et moins dangereuses que le nucléaire

Chaque pays a le devoir et le pouvoir de mettre fin à l’agriculture productiviste qui est une catastrophe sociale, économique et environnementale : réduire la consommation de pesticides, des entrants azotés, supprimer les élevages industriels. Pour réhabiliter une agriculture, paysanne, biologique et durable.

Un pays est en mesure d’assurer la protection de certains espaces pour préserver des espèces et agir en faveur de la biodiversité. Il a la capacité de favoriser le reboisement et de remettre du vert dans les villes.

Les conférences mondiales sur le climat sont indispensables pour créer une responsabilité et une dynamique mondiales. Le problème est que des pays comme les États Unis et le Brésil, se sont dotés de dirigeants qui ne croient pas au réchauffement climatique et veulent continuer à user et abuser des ressources de la planète comme bon leur semble. Le populisme est une forme d’égoïsme et une majorité d’hommes égoïstes donnent naissance à des États égoïstes qui veulent tout tout de suite et peu importe le destin de ceux qui nous suivront sur cette terre.

Nul n’est coupable d’avoir vécu avec son époque

Loin de moi l’idée de nier les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’humanité, il ne faut cependant pas se laisser prendre au piège de la culpabilité.

La vie des gens de ma génération s’est déroulée pendant une des périodes les plus fastes de humanité, dans un pays toujours en paix depuis presque trois quart de siècle. Des progrès techniques fulgurants nous ont donné bien plus que le confort alimentaire et matériel, des possibilités de voyager vite et loin, de communiquer, de s’informer, de se divertir. Les rapports sociaux sont devenus moins pesants et des droits inouïs nous ont été accordés : vote pour tous, abolition de la peine de mort, égalité entre les sexes, avortement, mariage pour tous. L’Union Européenne a rapproché les hommes de pays voisins et facilité tous les échanges. l'Organisation des Nations Unies a œuvré pour plus de paix dans le monde.

Peut-on reprocher à quiconque d’avoir vécu avec son temps, utilisé une, voire deux automobiles, pris l’avion. Je ne crois pas. Notre époque est fille de la révolution industrielle et de deux notions que le commun des mortels se sont appropriées comme étant positives :le progrès et le développement.

Toute la société était organisée autour de ces notions. Du savant au citoyen de base; chacun s’est engouffré dans ce qu’il pensait être le progrès. On se rend compte aujourd’hui que de grandes erreurs ont été commises, enseignées, propagées. Rares étaient ceux qui tiraient la sonnettes d'alarme et ceux-là n’étaient pas entendus.

Il n’aurait pas fallu croire les savants, les ingénieurs, ils ont été tellement stupides. Ils ont inventé la croissance, le productivisme avec ses avatars. Pour ne parler que de l’agriculture, ils ont incité à des remembrements désastreux. La mécanisation n’a été rendue possible que par un usage immodéré de produits chimiques. Des élevages indignes d’un pays civilisé ont fleuri dans toutes les campagnes pour inonder le monde viandes immondes et malsaines. des œufs et du lait bon marché. Pourquoi avoir profité de la disette pendant la seconde guerre mondiale pour faire croire aux bienfaits d’une alimentation carnée. On sait que les habitudes alimentaires ont la vie dure, mais il faudra bien évoluer. Les vaches boivent trop, mangent trop, elles pètent trop aussi.

Je le dis au passage, je suis convaincu que l’élevage et l’abattage industriel tels qu’ils sont pratiqués aujourd’hui seront pour les générations futures un scandale aussi grand que ce qu’est l’esclavage pour nous. C’est une honte de traiter les animaux comme nous le faisons. C’est une honte de donner à consommer aux moins favorisés des viandes d’aussi piètre qualité.

Je reviens à mon propos. Nous n’avons pas compté le coût  en énergies fossiles non renouvelables, en terre, en ressources du sol et du sous-sol, en pollution des sols et de l'atmosphère de l'agriculture intensive. Nous découvrons aussi que ce système a été source de maladies (cancers et autres dégénérescence). mais de désespérance humaine pour les paysans chassés de leur terre et les ouvriers épuisés et misérables.

En quelque sorte nous nous sommes gavés nous avons fermé les yeux sur la misère et joui sans état d’âme.

Dans les années mille neuf cent soixante dix le club de Rome et Jean-Claude Servan Schreiber nous ont alertés sur le caractère limité des ressources énergétiques fossiles. Ensuite il y a eu René Dumont, Puis Pierre Rabhi, des mouvements et des partis écologistes qui n’ont cessé de nous alerter. En vain.

La faute à qui ? à personne, juste à une idée, produire plus, produire avec moins d’efforts physiques, moins de bras. Derrière cette idée les ingénieurs se sont décarcassés, des millions de paysans ont quitté la terre pour l’enfer urbain. Ceux qui sont restés ont mis en pratique ce que les ingénieurs avaient mis au point. Ils pensaient, parce qu’ils l’avaient appris à l’école qu’ils pratiquaient l’agriculture de demain. Certains se sont enrichis la plupart se sont endettés. Beaucoup se sont empoisonnés avec les pesticides. Tous ont construit une agriculture monstrueuse une industrie inhumaine..

Il ne s’agit pas d’excuser ni de dédouaner quiconque. Chacun était animé des meilleures intentions du monde, personne ou presque n’avait conscience des dégâts. Sauf bien sur les puissances d’argent, les banques et les lobby industriels, de l’agrochimie en particulier, qui se sont gavées sur le dos de tout le monde en conscience et sans aucune gènes. Eux et eux seuls méritent l'opprobre. Pas toi, ni moi.

Cessons de culpabiliser pour avoir vécu comme nous l’avons fait. Comment regretter d’avoir roulé en voiture, pris l’avion, climatisé nos maisons. Qui a vécu en pensant je consomme le pétrole que n’aurons pas nos enfants, je rejette des gaz à effet de serre qui vont bouleverser le climat. Nous avons vécu à ce moment de l’humanité que nous ont légué les générations passées. Nous avons profité, la plupart de nous sans en abuser, car tout le monde n’est pas riche, des progrès techniques et des progrès sociaux. Nous découvrons aujourd’hui le revers de cette manière de vivre, mais nous étions dans notre temps et sans malveillance et sans excès.

Nous vivons dans un monde infiniment plus confortable, sur et apaisé que toutes les générations d’hommes qui nous ont précédées. Rien ne nous interdit d’en profiter et de faire en sorte d’être heureux. Ne nous inquiétons pas pour les générations futures, elles ont tout pour créer une société du bien vivre et les atouts c’est notre génération qui le leur aura donnés.

L’avenir ne nous appartient pas

Il n’y aura pas de solution au problème climatique si les hommes ne changent pas radicalement de mode de vie. Si je leur fait confiance pour inventer et mettre en œuvre des technologies nouvelles de production et de consommation de l’énergie. Par contre je n’ai aucune confiance en leur capacité à adopter spontanément des manières de vivre plus sobres et plus économes. Seule une minorité est prête à s’engager, la majorité désirera toujours le dernier SUV et voyager en avion vers des pays lointains. Chacun sait qu’une prise de conscience et des bonnes intentions ne suffiront pas à changer notre manière de vivre. C’est la dure réalité qui l’imposera.

Faire un geste pour la planète d’accord, mais pas touche à mon mode de vie. Le problème est que d'inondations en canicules, de cultures ravagées en récoltes catastrophiques aux cout économique toujours croissants, les assurances et les États perdront leur capacité à indemniser et les sinistrés la capacité de reconstruire..

L’avenir nous préoccupe, que ce soit pour notre lieu de vie, à l’échelle du monde et même de l’Univers mais l’avenir ne nous appartient pas, il appartient aux générations à venir. Nous n’avons pas à être fier de leur laisser une terre largement épuisée et un climat déréglé. Peut-on imaginer qu’avec l’héritage de connaissances et de technologies que nous leur léguons ils sont voués, au mieux à errer dans un monde dévasté, au pire à disparaître. Peut-on imaginer une minute que les humains qui ont réussi à vivre et à se reproduire depuis la nuit des temps, qui nous ont légué tant de trésors culturels et artistiques vont disparaître et perdre le sens du beau.

C'est sur  les catastrophes qui nous menacent que va se construire une nouvelle humanité. Les humains connaîtront bien des souffrances dans un monde qui ne les épargnera pas, mais ils ne reviendront pas à l’age des cavernes. C’est une humanité post industrielle, dont il est impossible de brosser les contours, sauf à faire de la science fiction, qui va se développer et se construire, sans doute sous des formes différentes selon les endroits du monde. Cette humanité nouvelle maudira les générations qui ont vécu pendant les siècles 19, 20 et 21

Certes les générations futures ne traîneront plus un caddy chargé d’objets inutiles dans les allées d’un super marché. Ils auront surmonté les contraintes du climat et de leur environnement pour créer une civilisation dont personne aujourd’hui ne peut imaginer les contours. Je sais seulement que quand ils étudieront l’histoire ils nous verrons à juste titre comme une société égoïste et barbare. J’irai même jusqu’à imaginer qu’ils ne traiteront pas les animaux comme nous les traitons dans le seul but de les manger. Je gage même qu’ils ne mangeront plus d’animaux. D’ailleurs n’avons nous pas d’ores et déjà engagé cette piste de progrès.

Il ne faudrait pas que l’ironie de mon propos  sur les injonctions à réaliser des gestes pour sauver la planète soit prise pour un encouragement à ne rien faire. Bien au contraire il faut nous efforcer à innover dans des manières de vivre, matérielles, sociales et même spirituelles nouvelles. Il faut nous efforcer à aller de l’avant pour jeter les bases de cette future humanité et lui permettre de relever les défis d’un monde moins confortable que celui dans lequel nous avons vécu. En un mot si nous changeons nos manières de vivre ça ne peut que favoriser le ralentissement du réchauffement, mais surtout nous jetons les bases d’une humanité nouvelle.


Alors pas d’inquiétude pour les générations futures, pas de culpabilité il nous reste à être heureux. Heureux mais pas béas. Cette société de demain il nous faut la préparer; notre devoir aujourd’hui est d’adopter un comportement plus sobre et à engager nos gouvernants à sauver ce qui peut l’être de notre environnement pour ne pas rendre trop compliquée la tache de ceux qui viennent d’arriver sur terre ou vont y arriver.   

Jouir du présent

Depuis quelques jours un pigeon ramier s’associe à ma méditation quotidienne. C’est un pigeon habile et déterminé. Il vient se poser sur les brindilles mortes des rameaux des pins parasol. Par des positions acrobatiques il saisit une brindille dans son bec et tente de la casser. Souvent elle lui résiste. Il en tente une autre, jusqu’à ce que l’une d’entre elles cède. Il l’ajuste dans son bec cherche une position d’envol et file vers le nid qu’il est entrain de construire ou de consolider. Ce manège silencieux dure le temps de ma méditation.

Je vis au deuxième étage, mes baies vitrées et mon balcon donnent directement sur de grands pins et de grands micocouliers. Sans méditation je n’aurai sans doute jamais découvert le manège du pigeon ni vu, furtivement passer au dessus de ma tête deux beaux rapaces blancs qui sont sans doute les chouettes que j’entends hululer le soir.

J’habite en ville mais les arbres amènent auprès de moi toute une vie animale, les pigeons bien sur, mais aussi les pies, tourterelles, mésanges, écureuils et bien sur, des régiments de cigales dont les stridulations puissantes animent le mois de juillet pour se calmer en août. En fond j’ai la rumeur des voitures qui passent dans la rue proche et parfois le vrombissement du moteur d’un hélicoptère ou d’un avion en phase d’atterrissage. Rarement me parviennent, inintelligibles, des conversations de voisins.

Ce lieu est plutôt calme et assez paisible pour permettre des moments de méditation. En toute objectivité si je considère ma vie ici et maintenant, elle est plutôt paisible. Mon appartement est petit mais confortable, bien chauffé l’hiver, climatisé l’été. Mon réfrigérateur est rempli de petits plats que je concocte, surtout avec de bons légumes de saison achetés à un producteur local. Je fais du sport, je vois des gens simples et bienveillants. Mes enfants sont loin, mais présents. En fait j’ai une belle vie. Une vie sobre mais riche avec des activités, de l’amitié et même de l’amour.

Ce que je redoute le plus aujourd’hui c’est la maladie qui viendrait m’ôter l’énergie, l’envie de faire et l’envie de vivre.

Le quotidien est plutôt tranquille une tranquillité qui semble pérenne, sauf que, si l’on allume la radio ou pire la télé, si on lit la presse on prend conscience que l’humanité est au bord du gouffre. La télé, la radio je les écoute, les spécialistes et les chroniqueurs, je les entends et là il y a de quoi prendre peur.

Loin de nier les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’humanité, il ne faut pas se laisser prendre au piège de l’anxiété et de la culpabilité.

Nous vivons dans un monde infiniment plus confortable, sur et apaisé que toutes les générations d’hommes qui nous ont précédés. Rien ne nous interdit d’en profiter et de faire en sorte d’être heureux.

Terminer cette fucking méditation par une vrai méditation est une manière de dire que le monde qui nous entoure est beau. Nous menons une vie sobre et responsable, certains d’entre nous travaillent, d’autres sont retraités, certains militent, d’autres donnent leur temps comme bénévoles. Chacun à sa manière et en fonction de sa santé ou de son énergie agit. Nous pratiquons des activités riches et passionnantes, avec des personnes bienveillantes, nous recevons de l’amour et nous en donnons. Alors profitons du présent de notre vie, laissons filer les pensées d’effondrement de la civilisation et la culpabilité et vivons simplement heureux au présent. Être heureux est un droit et même un devoir. Le bonheur ne réchauffe que le cœur.

Le 8 août 2019.