Texte intégré par Mode 2 à sa fresque dans le Verdanson |
Il n’a pas fallu une semaine pour que des fresques réalisées dans le Verdanson par des artistes de grande notoriété venus de France entière mais aussi de Montpellier soient recouvertes d’inscriptions et de noms de crew en lettrages sommaires.
Le monde du graffiti a ses règles mais traîne aussi des rancunes tenaces. Ce monde est difficilement pénétrable par qui n’y appartient pas. Le néophyte intéressé par le graffiti peut cependant s’interroger sur ce qui pousse certains tagueurs ou graffeurs, pas forcément les plus médiocres d’ailleurs, à saccager le travail de ceux qui, par leur talent, ont acquis une certaine notoriété.
Le graffiti interroge la notion de beau. Il est enfant du tag et le tag n'a pas vocation à être beau mais à inscrire dans l'espace public, autorisé ou non, l'identité de son auteur.
Le tag dit juste "regardez c'est moi !" mais pas "regardez c'est beau,!". La beauté d'un tag vient d'un geste calligraphique rapide comme l'éclair. Ce geste spontané qu'est le flop, évolue chez certains vers le graf, la lettre, la fresque qui offrent des beautés plus conventionnelles.
Le public aime la beauté quand elle n'est pas subversive. Cette beauté se vend et l'artiste peut y gagner la reconnaissance et en vivre.
A un moment donné coexistent des graffeurs- tagueurs qui revendiquent une pureté vendable et contestataire et des graffeurs, lettreurs fresquiste qui ont souvent débuté vandales, mais qui ont évolué dans le choix de leurs supports ajoutant la toile aux murs des villes. Ils sont en quelque sorte rentrés dans le système.
Ils appartiennent tous au même univers artistique et ce n'est pas la notion de beau ou de laid qui les sépare. Le laid n'existe pas dans une expression artistique. Ce qui les sépare c'est que l'un est resté sauvage, ou plutôt dans l'illégalité, le terme est moins connoté, et l'autre est entré dans la légalité, certains diraient le système. L'un revendique la pureté et accuse l'autre de compromission avec la société et l'argent.
Le toyage des fresques est une affaire de famille. Ce n'est finalement pas très grave parce que, s'il est une notion sur laquelle tout le monde s'accorde, c'est le caractère éphémère de l'art urbain. Les artistes urbains sont mus par le plaisir de faire, pas celui de durer.
Allez y, défoulez vous, joyeux tagueurs, les murs appartiennent à ceux qui les prennent et le talent n’est pas seulement une affaire de reconnaissance.
20 août 2019
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Fresque non taguée de Mode 2 (partie) |
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