mercredi 26 février 2014

C'est la fin



Mon séjour en Nouvelle Calédonie s'achève et avec lui ce blog. Je l'avais au départ imaginé comme une super carte postale. Si les images y occupent une grande place, j'ai quand même posté plus de cinq cent photos, toutes prises à l'occasion de ce séjour, l'écriture s'est imposée, petit à petit, et les textes tiennent finalement une bonne place.

La Nouvelle Calédonie est un territoire au passé mouvementé et à l'histoire complexe. Sans un efforts minimum de connaissance de l'histoire depuis l'arrivée de Cook, jusqu'aux accords de Matignon on ne peut pas comprendre ce qui se joue aujourd'hui, à l'approche d'élections municipales puis provinciales qui vont être déterminantes pour l'avenir du territoire.

Je sais que la Nouvelle Calédonie est bien loin de la France, et qu'au delà de l'image de paradis tropical qu'elle véhicule, bien peu s’intéressent à son destin. Moi le premier je regardais avec condescendance une vie politique locale que je trouvais bien provinciale. Il m'est cependant apparu que dans le fond je faisais un amalgame ignorant entre les accords de Matignon et ceux de Nouméa, que je ne comprenais rien au processus d'autodétermination, pourtant en pleine actualité. J'ai donc fait l'effort de me documenter et souhaité partager cette nouvelle connaissance. J'ai trouvé plaisir à en faire des synthèses, l'écriture m'a petit à petit possédé. Je souhaite que certains d'entre vous auront trouvé leur compte dans ces textes bien éloignés des ambitions ludiques de départ.

Ceux qui me connaissent savent mon intérêt pour la culture. J'ai mis à profit mes visites de musées, d'expositions et de centres culturels pour parler culture. Ceux qui m'ont suivi attentivement auront compris que ma découverte des légendes d'Arka a été le moment culturel fort de mon séjour.

J'ai également partagé de belles rencontres. Les articles correspondants sont les seuls ou presque pour lesquels j'ai pris une photo portrait. La mise en page en est, tout le long, identique, ce sont des photos posées prises pour illustrer la rencontre.

Mes déplacements sur la grande terre et à l'île des pins, ont étés mis à profit pour faire connaître les paysages d'exception et la richesse de la flore. C'est avec ces photos que j'étais le plus proche des intentions première. Je dois dire que ce pays est tellement beau que je n'ai pas eu de mal à apporter du rêve.

Trois articles s'écartent complètement du contexte calédonien. Ce sont les deux témoignages sur Cassy ma petite fille handicapée et la réflexion sur l'humanité qui en découle. Le premier témoignage était un peu un exorcisme, une manière d'évacuer le trop plein d'émotion engendré par le contact quotidien avec cette enfant. Le second, toujours de l'ordre du témoignage approfondissait les pratiques et les vécus en matière de communication. La question de l'humanité se pose forcément lorsque l'on côtoie une personne diminuée, que ce soit un enfant ou une personne âgée atteinte de la maladie d’Alzheimer. Que tous ceux qui par leur sensibilité et leurs réactions ont accompagné cette réflexion soient remerciés.

Ces trois articles ont eu une vie indépendante de celle du reste du blog. Ils ont été diffusés sur les réseaux sociaux par les parents de Cassy ainsi que sur le réseau facebook privé de l'Association Française du Syndrome de Rett. Ils ont été lus presque 500 fois ; ont fait l'objet de dizaines de commentaires tous extrêmement émouvants. Ils sont encore et de loin les plus lus. La revue de l'association va les publier.

Certains ont tenté de poster des commentaires et n'y sont pas parvenus. Il semble que google veuille par ce biais forcer la main des internautes pour les obliger à utiliser son outil de partage google +, rejetant tous ceux qui ne sont pas abonnés à ce service. De fait ce blog n'a pas vécu et c'est ma plus grande déception. Je sais qu'il a été assez suivi. Plus de 3500 pages ont été lues sans compter ceux qui se connectent sans cliquer sur une page particulière. Je me suis souvent senti bien seul. Heureusement certains m'ont écrit sur ma boîte mail yahoo, leur gentillesse m'a fait chaud au cœur.

J'ai fait un peu plus qu'un blog de vacances, mais je l'ai fait parce que je m'y retrouvais. Le plaisir d'écrire m'a gagné et j'espère le mettre à profit dans d'autres contextes.

Seuls mon récent départ à la retraite et la Nouvelle Calédonie, destination exotique, pouvaient un temps justifier que je fasse partager quelques tranches de vie. Je rentre maintenant dans le vif du sujet, je mets fin à ce blog espérant qu'il vous a amené un peu de plaisir et fait apprécier ce territoire magnifique mais complexe  et fort qu'est la Nouvelle Calédonie.

Merci à tous ceux, famille, amis, anciens collègues ou simples connaissances, qui m'ont suivi. Merci particulièrement à ceux et celles qui ont gardé le contact avec moi et m'ont écrit. Merci aussi à ceux ou celles qui de par le monde (ils sont nombreux!) ont été conduits par hasard sur un article de ce blog et y ont trouvé ou non ce qu'ils cherchaient.

Je dis à très bientôt à celles et ceux que j'aime et que je vais bientôt retrouver.








La maison Célières



Construite en 1898, Faubourg Blanchot, par Paul Joseph Célières et sa femme Marie. Il s'agit d'une des seules, sinon la seule, maison coloniale de Nouméa restaurée. La Maison fut classée en 1998 et acquise par la ville de Nouméa lors d'une vente aux enchères. Les travaux ont débuté en 2006. La maison Célière abrite aujourd'hui la maison du livre de la Nouvelle Calédonie. Elle est ouverte au public auquel elle offre un lieu calme et harmonieux pour travailler ou se reposer.

J'aime passer de longs moments dans ce jardin. Pour ne rien vous cacher la WIFI est gratuite et je suis toujours entrain de courir après. Ça me change du Quick de Boulari qui est mon autre « café littéraire »

Une plaque à l'entrée du jardin offerte par le Lion's club commémore la naissance de Françis Carco dans cette maison le 3 juillet 1886. Il n'est fait aucune mention du poëte dans la plaquette de présentation de la maison dont la date de construction est 1898 et qui a appartenu aux Célière, qui était une famille de fonctionnaires de l'administration fiscale. Renée Célière la fille de Joseph en avait obtenu la jouissance à la mort de ses parents.

Il y a quelque chose qui ne colle pas.




Françis Carco, il pleut



En parlant de Françis Carco l'envie m'a pris de vous faire partager un peu de sa poésie.

Il pleut


Il pleut-c'est merveilleux. Je t'aime.
Nous resterons à la maison :
Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes
Par ce temps d'arrière saison.
Il pleut. Les taxis vont et viennent.
On voit rouler les autobus
Et les remorqueurs sur la Seine
Font un bruit...qu'on ne s'entend plus.
C'est merveilleux : il pleut. J'écoute
La pluie dont le crépitement
Heurte la vitre goutte à goutte...
Et tu me souris tendrement.
Je t'aime. Oh ce bruit d'eau qui pleure,
Qui sanglotte comme un adieu.
Tu vas me quitter tout à l'heure :
On dirait qu'il pleut dans tes yeux.

Françis Carco 
1886 1958


Berceuse

Ce lent et cher frémissement,
c'est la pluie douce dans les feuilles.
Elle s'afflige et tu l'accueilles
Dans un muet enchantement.

Le vent s'embrouille avec la pluie.
Tu t'exaltes, moi, je voudrais
Mourir dans ce murmure frais
d'eau mole que le vent essuie !

C'est la pluie qui sanglote, c'est
Le vent qui pleure, je t'assure...
Je meurs d'une exquise blessure
Et tu ne sais pas ce que c'est.

Françis Carco


lundi 24 février 2014

poingam, potager du pacifique.



Ceux qui me connaissent savent qu'à aucun prix je ne raterais la visite guidée d'un potager. C'est donc avec joie que j'ai accepté la proposition de Jean Broudissou, le très écolo patron du Relais de Poingam de visiter un des potagers qui pourvoient aux besoins de sa cuisine et de sa table, réputée dans toute l'île.

Je vous propose un tour en photos avec des légendes.

Du coton (cultivé juste pour le plaisir)

Vétiver : La plante d'abord ensuite les bottes récoltées. Seule les racines sont utilisées, en parfumerie bien sur, mais aussi simplement dans vos armoires.


Neem : un arbre sans odeur et pourtant puissant répulsif à moustique. En plantation sur tout le terrain pour adoucir la vie des résident. Une huile essentielle est fabriquée à partir des fruits qui ressemblent à de petites olives.

A l'entrée du potager le rituel gardien

Verger d'agrumes

Le Combava

Le citron lime

Le limon

Rangée de citronnelle ;

Plan d'ananas ;

Le basilic

Patchouli : encore une plante de parfumeur.

Les grenouilles. Elles s'égaient la nuit dans le jardin, chacune à son poste pour chasser les insctes ravageurs.


Le manioc


Les patates douces.

La canne à sucre

Pommes Canelles

 tabac. Pour fabriquer des cigares... tien donc !
Ii
Igname

La place me manque pour tout montrer en particulier l'arbre à pain, les lianes de fruits de la passion, les potirons etc....  

Gastronomie, Québec et cannibalisme




Je vous préviens cet article n'a ni queue ni tête.
Le relais de Poingam est un hébergement en Bungalow ou en camping, juste en front de mer. Question restauration c'est une table exceptionnelle, réputée sur tout le territoire. Il faut s'y prendre bien à l'avance pour réserver et ainsi faire partie des privilégiés.

Le patron du relais, originaire du Limousin à inventé une cuisine métisse qu'il qualifie de gauloise et mélanésienne. Les poissons, coquillages et crustacés sont ceux du lagon, les cerfs et les cochons sauvages qui subissent le supplice de la broche son chassés dans la forêts avoisinantes et les fruits et légumes sont cultivés dans plusieurs potagers. (Voir post sur le potager). La sauce au choux Kanaks, les pousses tendres de chouchoutes et la choucroute de Papaye n'ont rien d'étonnant dans ce contexte.

J'ouvre une parenthèse québécoise qui est aussi un clin d’œil à Agnès. Les salariés de l'usine Doniambo nord de nickel, expatriés, condamnés à vivre à Koné montent à Poingam pour le week end. L'usine est construite par un consortium associant Australiens et Canadiens. Outre l'extraction du nickel , une centrale électrique au charbon rachetée à l'Inde est également mise en service. A l'image des Américains, les Australiens ne sortent pas de la mini Australie qu'ils reconstituent sur leur lieu de travail, partout ou ils se trouvent. Les Québécois, ces plus que Français, sont curieux de leur pays d'accueils et partent à sa découverte. Un petit groupe de québécois joviaux, (ils le sont par nature) à donc mis le relais de Poingam à l'heure québecoise. Il était tout à fait curieux, mais pas désagréable, d'entendre l'accent du Québec dans ce coin perdu au fin fond de la Nouvelle Calédonie. Les mots Québec, Trois Rivière et et Montréal sont donc ceux que j'ai le plus entendus. Fermons la parenthèse.


Quelques photos et un aperçu de la carte hautement poëtique du restaurant vous mettront l'eau à la bouche par contre l'anecdote qui va suivre devrait vous couper l'appétit.

L'anecdote d'abord, il y est question de cannibales.

Une équipe de NC1, la première chaîne de télévision Calédonienne, dont le cameraman était originaire de Terre Neuve, (je sais ça n'apporte rien au récit, mais ça fait écho aux québécois) était présente au relais, accompagnée d'un historien, âgé de 98 ans, spécialiste d'histoire maritime.Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de lui parler et de demander son nom. Ils étaient venus tourner un court sujet sur des événements survenus en 1850 dans l'îlot Yienghapane, le plus proche de la côte. L'historien devait être questionné sur l'îlot même ou se sont déroulés les faits que je vais vous conter. Il n 'avait de sa vie jamais mis les pieds sur ce lieu d'histoire.

Un navire Français chargé de trouver un passage qui permettrait aux navires d'éviter de contourner loin au nord les îles Belep, pour passer de la côte ouest à la côte est a dépêché une chaloupe avec 12 hommes à bord pour reconnaître les lieux. Ces hommes ont débarqué sur l'îlot Yienghapane, ils furent capturés par les habitants et huit d'entre eux immédiatement mangés.

Le cannibalisme était une pratique courante dans toutes les îles mélanésiennes, à la fois rituel, à l'occasion des conflits inter-tribaux, mais aussi parce que mis à part les roussettes,les rats et quelques oiseaux,il n'y avait pas de gibier sur les îles. Les cerfs et les cochons sauvages qui pullulent aujourd'hui ont été amenés par les nouveaux habitants.

Donc huit marins mangés et les quatre autres enfermés dans des cages en attendant de subir le même sort.

Ne voyant pas revenir la chaloupe. Le capitaine du navire s'inquiète, interroge des indigènes et ne tarde pas à apprendre le sort réservé à ses hommes. N'oublions pas que l'on est en 1850, que James Cook avait découvert l'île presque cent ans auparavant et que depuis lors les contacts avec explorateurs, marchands et premiers missionnaires avaient déjà fait reculer la pratique de l’anthropophagie.

Afin de récupérer les survivants et venger les morts. Le capitaine du navire s'assure du soutien des tribus de Koumac, un peu plus au sud, qu'il sait en rivalité ancestrale avec celles de Poum, dont dépend l'îlot, pour organiser une expédition punitive. Tous les habitants de l'îlot sans exception furent massacrés et les quatre marins en cage sauvés. Ce qui n’empêchera pas l'un d'entre eux de devenir fou.

Il s'agit du dernier grand exemple de cannibalisme connu en Nouvelle Calédonie. Cette île, plus que beaucoup d'autre à suscité la méfiance et la peur chez les explorateurs qui ne s'y aventuraient qu'avec mille précautions. La réputation de populations pacifiques véhiculée par Cook, n'a pas longtemps résisté à quelques banquets indigènes.

Le bras de mer entre la grande terre et les îlots s'appelle « boat pass », la mission a donc au bout du compte été couronnée de succès.

Tel était le sujet du reportage de NC 1.

Je vous garantis que la carcasse qui tourne sur la broche est bien celle d'un jeune cerf, en tout cas c'est ce que l'on m'a affirmé. Même si ce n'en était pas je vous assure que cette viande était succulente.













Poingam : découverte




Les bouts du monde, les territoires limites poussent à l'exaltation. c'est effectivement mon état d'esprit. Je m'impose cependant, face a vous, de garder la mesure.

Je laisse donc simplement parler les images.

Vous verrez d'abord le lever du soleil. Je vous amènerai ensuite dans les collines pour découvrir quelques horizons vers les îlots et îles du nord. Vous assisterez au bain de chevaux sauvages dans une retenue collinaire. Vous découvrirez les seuls marais salants de Nouvelle Calédonie. Je vous montrerai des coquillages que j'ai ramassé sur la plage. Vous rencontrerez une raie, dans quelques centimètres d 'eau. J'ai également photographié quelques végétaux et je finirai, bien sur par le coucher du soleil.


J'espère que ces quelques images vous communiqueront la magie des lieux et vous permettront de comprendre que j'ai vécu à Poigam des moments d'exception. J'ai grand plaisir à vous les faire partager.

Merci à Elsa de m'avoir offert ces moments si près du paradis.










Sur ma route



Tout voyage a une destination, un ailleurs à découvrir, un ailleurs pour se reposer ou faire des rencontres. C'est aussi un déplacement et un moyen de locomotion. Le trajet est considéré comme fastidieux, fatiguant et dangereux ; il est pourtant exaltant de se sentir maître de l'espace, de franchir a des vitesses sur humaines des distances considérables.

Plus qu'un plaisir, c'est une jouissance. J'ai adoré, il y a bien longtemps, les jours et les jours de voiture, pour aller au moyen orient, filer vers l'est, vers le levant, franchir les frontières, Italie, Yougoslavie, route de tous les dangers, doubler les poids lourds qui peinaient dans les côtes ; Grèce, manger dans des gargotes, franchir le détroit des Dardanelles, passer d'Europe en Asie, rentrer en Asie, c'est inouï ! Filer à travers les horizons immenses de l'Anatolie, camper dans les stations services, toujours vers levant. Repousser des horizons, manger le ciel, poursuivre les nuages, se soumettre au soleil, à sa brûlure, à ses incandescences. Traverser la pluie, transpercer la nuit.

Le voyage Nouméa Poingam m'a fait revivre cette exaltation. Foncer vers le nord, presque cinq cent kilomètres à dépasser des horizons grandioses, des cieux changeants époustouflants. En milieu de journée le thermomètre flirtait avec les 40°. L'océan surgissait parfois, miroir éblouissant ou bleu irréel. Route droite, puis tortueuse, percluse de nids de poules. Enfin avec la nuit qui tombe, la piste qui conduit à l’extrême pointe nord de l'île.

Poingam n'est rien, ce n'est pas un village, seulement un point sur la carte, l'ultime plage, celle qui fait face à l'océan, au nord. Pour y parvenir il ne faut pas se fier aux panneaux indicateurs, il n'y en a pas. Le soleil se lève à droite se couche à gauche. Au large des îlots, plus loin à l'horizon les îles Belep ou vivent une poignée d'habitants.

En quelques photos, prises de la voiture, donc forcement mauvaises, je souhaite, vous faire partager la jouissance que j'ai ressentie à filer, vers le nord, jusqu'au bout ultime d'une terre, pour finir à la nuit tombée face à l'océan immense.

Il fallait bien qu'à un moment ou un autre je justifie le titre de ce blog !