vendredi 31 janvier 2014

jeudi 30 janvier 2014

Chutes de la madeleine.


Le sud de la grande terre évoque des paysages d'une autre ère, bien avant l'arrivée des humains : Hautes montagnes de terre rouge et de roches gorgées de fer et de milles oxydes, vastes plaines parcourues de rivières vives et de mille ruisselets, trouées de lacs qui reflètent les nuages, végétation étranges aux floraisons exubérantes. C'est le territoire des Cagous.

Après les fortes pluies de ces dernières semaines, la rivière des lacs était tempétueuse, débordant largement son lit habituel. Les chutes de la Madeleine n'en étaient que plus spectaculaires.

L'intérêt de la balade est cependant la végétation dont les floraisons sont nombreuses en cette saison. Muni de mon guide de la flore, j'ai identifié de nombreuses espèces. Je vous livre, bien inutilement quelques noms, malheureusement tous scientifiques, la faute à mon petit livre, sans doute. J'aurais préféré les traductions des noms locaux, qui auraient sans doute été plus savoureux .


Néocallitropsis panchéri famille des cuprissacées : petit arbre à croissance très lente et à port tortueux. Il fut surexploité parce qu'il contient une huile essentielle fixatrice de parfums ;



Dacydium araucariadoïde famille des podocarpacées.
 Eriaxis rigida famille des orchidacées

Lomandra insularis famille des asparagacées.

Dacrophylum verticalum famille des ericacées.


Cunonia purpuréa famille des cunonia atrorubens.


Xanthosternom auriantacus famille des myrtacées ;

Myodocarpus fraxianfolius famille des myodocarpées ;



mardi 28 janvier 2014

Manta

Avis personnel qui n'engage que moi. On ne connait pas un pays tant que l'on n'a pas gouté ses bières.

dimanche 26 janvier 2014

Rencontre avec le Chef Bergé Kawa


Les aires coutumières ne sont accessibles aux visiteurs, qu'après avoir obtenu l'autorisation du chef. La grande case de Sarraméa, perchée en haut d'une vaste esplanade en herbe, bordée de pins colonnaires et de cocotiers, plus que centenaires, sur le bord de la route de Petit Couli est particulièrement majestueuse. Mais voilà le chef est introuvable. Je suis venu exprès, aussi c'est dépité que je m’apprête à reprendre la route. Alors que je quittais le petit Parking, un 4*4 s'arrête pour déposer un Grand homme chauve costaud, d'age mur. Je passe la marche arrière, reviens au parking, sort de mon véhicule et me fait immédiatement apostropher : « Vous cherchez quelque chose ? » ; ton bourru ! « Oui je cherche le Chef », C'est moi qu'est ce que vous lui voulez ? » Je m'approche lui serre la main, me présente, lui fait part de mon intérêt pour la culture Canaque et pour l'histoire de la Nouvelle Calédonie. Je raconte ma visite à l'exposition du musée du Quai Branly et mon souhait de partager son savoir sur le terrain. J'ai passé l'épreuve avec succès, le Chef m'écoute attentivement, m'informe qu'il est en mesure de m'exposer l'histoire de sa tribu et de m'expliquer le sens des différents éléments de l'aire coutumière et s'inqiète du temps que je pourrai lui consacrer car cela prendra au moins demi-heure... Bien sur, moi, j'ai tout mon temps, mais je ne voudrais pas abuser du sien et souhaite, bien sur, le dédommager. Ce que je lui propose lui convient tout à fait. Il me demande deux minutes, pour aller chercher des documents chez lui. Et c'est parti pour plus de deux heures et demi d'un exposé passionnant, documents à l'appui. J'ai sorti mon petit cahier et mon appareil photo, noté tout ce que j'ai pu et photographié tout ce que j'ai voulu. C'est ce récit que je reprends ici, tel qu'il  a été énoncé. Je n'ai fait aucun recoupement historique, ou de dates. Il se peut que parfois, j'ai mal noté ou omis de demander une précision ou même que certains points relèvent plus de la légende que de la vérité historique.

Avant de me présenter l'aire coutumière, le chef Bergé de la tribu Kawa a tenu à me présenter l'histoire des Kawas

Tournant le dos à la grande Case il me montre à l'ouest, la plaine côtière, me désigne un point ou se rencontrent deux montagnes et dit. « ma tribu vient de là bas, elle était installée à l'embranchement actuel des routes de Sarraméa et de Farino, on est en 1878, les autorités coloniales ont concédé les bonnes terres à des colons dont de nombreux bagnards du bagne de la Foa, ayant purgé leur peine. Les tribus ont été repoussées au pied de la chaîne, dans des terres pentues et moins fertiles.

L'été 1878 est particulièrement sec. Le Bétail des colons, s'échappe et vient, pour se nourrir , saccager les terres indigènes, détruisant les cultures vivrières.

Devant ce fléau, le chef Braïno, ( ce qui signifie qui a peur de la parole) grand père (je pense plutôt arrière grand père, mais le terme de grand père s'applique aussi pour des ascendants plus anciens, y compris pour les frères de cet ascendant). réunit tous les chefs de clans, Ils sont Treize, sur la photo, devant la grande case, représentant chacun environ trois cent personnes. Braïno est le quatorzième, au centre sur la photo, habillé à l'européenne avec un parapluie. Il parlait un peu le français.

Lors de ce Conseil, il est décidé que Braïno, irait à Focala rencontrer les autorités occupantes pour demander l'arrêt des concessions de terres et la maîtrise du bétail des colons par la pose de clôtures. Il se rendit au bagne ou se trouvait la garnison, y fut courtoisement reçu et obtint la garantie que sa requête avait été entendue et qu'une solution serait recherchée.

C'est avec ce message d'espoir qu'il revint auprès des chefs de clans, pour que ceux-ci transmettent une parole d'apaisement, de patience et d'espoir aux familles placées sous leur autorité.

Cependant au bout de quatre mois, rien n'avait changé, la famine gagnait du terrain dans les tribus. Une seconde visite aux autorités, fut tout aussi courtoise. Le message de patience fut renouvelé ; « tout ne peut pas se faire en un jour, les dispositions sont prises... soyez patients. »

La patience dura encore quatre mois, mais la famine s'aggravait et la colère montait. Ataî le frère de Braïno demanda à participer à la troisième entrevue. Le matin même il prépara deux petits sacs, l'un rempli de bonne terre, l'autre de cailloux. L'entretien fut moins courtois : « Si vous êtes pressés, construisez vous-même votre barrière ! » «  On construira notre barrière quand les ignames sortiront de terre et viendront manger votre bétail » leur fut-il répondu. Ataî vida son sac de bonne terre et dit, « voilà ce que vous nous avez pris » ; puis vida le sac de caillou et dit : « voilà ce que vous nous laissez. »

De retour dans la tribus Ataï dit « écoute mon frère pense aux femmes et aux enfants qui n'ont rien à manger. ». Il dit qu'il ne veut plus attendre et fait le tour des tribus pour chercher des partisans. Ces quelques hommes résolus, s'en prennent aux installations et au bétail des colons les plus proches de leurs terres.

C'est alors que commence l'escalade qui va aboutir au massacre de milliers de Canaques. Les autorités françaises traversent la chaîne et vont convaincre des chefs des tribus de l'est, qu'ils savent en rivalité ancestrale avec les tribus de l'ouest de combattre avec eux moyennant des fusils et une prime à la tête de Canaque, tué.

Le massacre des tribus commence alors, avec l'aide du grand chef Nandou et des tribus de l'est  qui passent la chaîne en direction de l'ouest,. Tous, femmes et enfants compris sont exterminés ;

Cette période durera trois ans et va voir disparaître une grande partie de la population autochtone.

Sur une ligne de crête au sud de la Foa, se déroulera la bataille finale. Ataï tuera dans une embuscade le Colonel commandant les troupes françaises et fut par la suite encerclé et tué.

Les prisonniers Canaques furent envoyés au bagne, à l'île des pins, aux îles Belep (extrème nord de la Calédonie, à l'ïle Torres ou aux Gambiers (Tahiti)

Ataï deviendra le symbole de la résistance Canaque . Sa tête finira au musée de l'homme ou elle se trouve encore, malgré les demandes réitérées des autorités coutumières de la faire rapatrier afin de donner à Ataî des fun sur sa terre natale. Voir la photo de la réponse de mars 2013 faite au nom du Président de la république, François Hollande, à Bergé Kawa qui sollicite cette restitution. Encore une réponse d'attente...

Bergé est donc le descendant d'ancêtres illustres. Son père lui même à combattu auprès des troupes françaises pendant la seconde guerre mondiale. Il faisait partie de la division blindée de Lybie. Il pénétra à Tripoli avec les troupes Françaises. Il est le seul Canaque a porter le titre prestigieux de Compagnon de la Libération.

Bergé, lui même, à participé au début des année 1980, à l’élaboration du cadastre des tribus Kanaks, pour la région de la Foa,, dans le cadre de la politique initiée par François Mitterand de restitution des terres indigènes. Ce travail, voir photo a été reconnu par les autorités françaises , en particulier par le ministre Louis Le Pensec qui l'a pris comme modèle. Aujourd'hui il reste sept tribus sur les quelques trois cent du siècle dernier.

Au titre du sénat coutumier, Bergé a participé à Genève en 2006, à l'élaboration du projet de charte des Nations Unies sur le Droit des Peuples Autochtones.

La zone coutumière, telle qu'on la voie aujourd'hui, date de 1881. Le site en a été choisi par le grand père Braïno, pour sa ressemblance avec le site initial. Les pins colonnaires et les cocotiers ont donc plus de 130 ans.

Les pins symbolisent les hommes et les cocotiers les femmes. Il alternent le long de l'allée centrale, par contre le cercle autour de la case, n'est composé que de pins. L'un d'entre eux a été planté en l'honneur de Pierre Joxe.

Le poteau de Bambou, avec le drapeau Kanak et le Poteau incliné vers la case, (Symbole d'humilité) sépare la zone des chefs de famille de celle du tout venant, des femmes et des enfants. La porte de la case, elle même est basse et exige de s'incliner pour y pénétrer.

Lorsqu'un litige survient dans la communauté (foncier ou autre) le Chef convoque l'ensemble de la population. Chacun arrive avec des dons en nourriture qui servent à la préparation, par une famille, dont c'est la mission traditionnelle, d'un repas commun.

Les chefs de famille prennent place au delà du poteau, le Chef les invite, ainsi que les plaignants à entrer dans la case. Le personnage sculpté à l'air inquiet à droite de la porte de la case symbolise les craintes du plaignant à son entrée dans la case, le personnage joyeux à gauche le représente sortant soulagé après le procès. Le personnage noir central avec la langue rouge représente la parole.

Le Jugement est rendu publiquement par le chef au niveau du poteau incliné. Chaque partie est amenée à accepter la décision, s'engage à faire la paix avec l'autre. Un échange de monnaies Canaques scelle le jugement. Le repas pris en commun symbolise la paix sociale retrouvée.

Concernant la case, on remarque a mi-toiture, deux fourches et deux bâtons, disposés en croix, qui sortent du Chaume. En fait ils sont tous les quatre reliés au poteau central et symbolisent la réconciliation. (fourche : deux branches qui se rejoignent), la réconciliation a lieu à l'intérieur. L'extérieur n'est pas propice à la Réconciliation.

Le poteau central représente le chef, les branches qui tiennent le toiture et convergent vers le haut, les différentes tribus, elles sont reliée entre elles par une liane végétale embobinée qui représente leur cohésion. Le tissage de palmes à l’intérieur de la toiture représente l'élément féminin (femme, mère)

Dans chaque grande case il y a un foyer. Le feu est allumé lorsque les chefs de famille délibèrent.

La flèche faîtière est également Chargée de symboles. Sept conques représentent les sept tribus. Il n'en reste que cinq, les tempêtes en ont emporté deux. Le demi cercle blanc, avec deux pointe tournées vers le ciel représentent l'aigle, et signifie « la coutume règne dans les airs », le losange rouge au milieu, une pirogue. Il représente les tribus du littoral, celles dont l'élément est la mer. Le demi cercle blanc avec les pointes tournées vers le bas signifie l'ancrage à la terre. «  La coutume règne sur la terre »

La toiture de la grande case est usée, voilà trente et un ans qu'elle n'a pas été renouvelée. Normalement elle est changée tous les vingt cinq ans et demande dix jours de travail à dix hommes. Mais voilà les jeunes aujourd'hui demandent combien ils seront payés, et Bergé est bien impuissant devant le problème de la nécessaire rénovation de sa chefferie.

Après un premier contact assez froid avec le chef, mais c'est un jeu pour tester son interlocuteur, cette après- midi a été riche d'enseignements et d'échanges. Je ne croyais pas entrer aussi directement au cœur de l'histoire Calédonienne et retrouver le mythiques Ataî, sur ses terres et dans sa famille. Tout se fini par une photo chaleureuse devant la case. Le grand chef remercie Dieu pour cette rencontre. Je suis toujours surpris de voir à quel point la religion est importante pour de nombreux autochtones.

S'il y a une leçon à tirer, c'est celle de l'importance de la parole. La parole pour négocier et apaiser, la parole plutôt que la violence. Les Canaques ont, et ont toujours eu, le sens du dialogue et de la négociation. Bien sur on ne le leur a jamais reconnu, le colon convoitait la terre et la richesse et il n'y a que la force pour spolier un peuple.

Nota : Le terme Kanak a été adopté dans le cadre de accords de Nouméa, il est donc issu de l'histoire récente, c'est pourquoi, je lui préfère souvent le terme Canaque, sans lui donner la moindre connotation négative.





samedi 25 janvier 2014

Chouette

Oui Chouette !

Vraie chouette sans trucage

Ranch




L'élevage des Bovins et parfois des chevaux est l'activité agricole dominante de la côte ouest. Des ranchs, à l'australienne, avec cowboys et toutes les traditions qui l'accompagnent. La foire de Bourrail est une véritable, fête cowboy avec concours de bétail, démonstration de monte et de lasso.

C'est le monde Caldoche, celui des premiers habitants non autochtones de Nouvelle Calédonie.


Quelques photos de troupeaux montreront que l'on est très loin de la Margeride ou de L'Aubrac.




Parc des Grandes Fougères






Il s'agit d'un parc provincial récent, sur le territoire de la commune de Farino, dont une partie est ouverte aux randonneurs.

Une randonnée dans la forêt primaire est une expérience particulière. Atmosphère lourde est étouffante, sol glissant, silence, hormis quelques cigales, mais pas d'oiseaux, Pas ou peu de panoramas.

J'ai choisi la version longue ; plus de quinze kilomètres. J'ai pris quelques bonnes averses. L'avantage, c'est que l'on peut rester mouillés, sans risquer de prendre froid. L'eau du ciel se mêle à la sueur. Je suis arrivé sur les genoux, je n'avais pas vu âme qui vive pendant plus de trois heures. Mon plan, seul moyen de ne pas se perdre, était trempé et en lambeaux.


Voilà des photos ou l'on voit que les fougères sont vraiment grandes ! Plus de trente mètres je pense.





Thio





Presque tout ce que j'ai écrit sur Boulouparis, s'applique à Thio, sauf que Thio est plus pittoresque. Quelques belles maisons coloniales dont deux restaurées, l'une pour y installer le musée de la Mine (bien sur, fermé), l'autre la médiathèque témoignent de la richesse passée.

A signaler aussi, un bon petit restau, tenu par des femmes. Les tables dehors sont réparties à l'ombre des manguiers.

Les Kanaks habitent en tribu, soit en retrait, dans la végétation , long des routes, soit isolés en forêt, le plus souvent au bord d'une rivière. Ou que ce soit en nouvelle Calédonie, les habitants ne supportent pas la curiosité des touristes. Ils exigent le respect de leur intimité. Sur les lieux touristiques même il faut prendre mille précautions pour obtenir l'autorisation de voir et toujours en échange de quelques présents. C'est ce qu'on appelle la coutume.

Thio est avant tout une ville minière. La première mine de nickel a été mise en exploitation en 1874. la plus ancienne mine de Nouvelle Calédonie. Quelques vielles machines rouillées, sont conservées.

La mine est encore en exploitation, d’où un manèges de 4*4, et un émissaire en mer, (Tapis roulant qui conduit le minerais brut de la mine, aux bateaux minéraliers). Il faut passer la mine, ses camions, ses bulldozers, sa boue rouge et ce fameux émissaire pour accéder aux plages paradisiaques du sud.

L'ambiance était mauvaise lors de mon passage. Thio, comme Cannala, sont réputés être des fiefs indépendantistes ou les touristes ne sont pas les bienvenus. En plus des camions et des engins de chantiers avaient été incendiés en début de semaine. Du coup, la visite mensuelle de la mine programmée pour samedi a été annulée.

Je dois dire que en longeant les tribus en voiture, je n'ai pas fait l'objet que de regards bienveillants. Cependant ce ne sont pas les indépendantistes qui m'ont chassé de Thio, mais bien la pluie. Une pluie diluvienne qui vous transforme en moins de deux le paradis en enfer liquide. En plus les creeks qui dévalent de la montagne submergent rapidement la route, que les bulldozers venaient tout juste de rendre praticable après le passage de June, la semaine dernière.

La côte est absolument superbe. Voilà quelques photos : la ville, la rivière, la plage de sable noir, une plage de sable blanc. Sans plus de commentaires.














Pétroglyphes



A ma connaissance, il n'y que deux sites de pierres gravées en Nouvelle Calédonie. Un proche de Païta, au bord d'un Kreek, un proche de Thio. Ces gravures au motifs forts proches, bien que les sites soient éloignés de plus de 120 km, l'un sur la côte ouest, l'autre sur la côte est, témoignent du peuplement très ancien de la grande terre. Cette époque, environ mille ans avant Jésus Christ, dénommée Lapita, a également donné lieu à la découverte de tessons de poteries décorées, dites Lapita.


Les photos par temps sec sont celles de Païta, celles sous la pluie sont celles de Thio. Je les ai prises depuis la portière de la voiture, le rocher se trouve sur un terre plein entre deux routes.... et oui !




Distillerie de Boulouparis

A une heure de Nouméa, vers le nord, Boulouparis, s'enorgueillit d'être une ville à la campagne. Le principal événement de l'année est la fête du cerf, de la crevette et du poussin. Un grand espace lui est dédié, au sud, en dehors de la ville. « Ici commence la Calédonie rurale » proclame la banderole à l'entrée du bourg. Les petites villes calédoniennes, n'ont rien de visitable, elles sont un rassemblement de services : l'OPT (la poste) la BCI (Banque) avec un guichet de retrait, l'église, une pharmacie, toujours grande et moderne, une station service, une quincaillerie, quelques commerce, plus ou moins de gros, liés à l'activité agricole et une ou deux épiceries, vieillottes et encombrée, l'école communale, le collège, parfois un lycée. Je n'ai pas trouvé à Boulouparis la moindre gargote pour manger, ni même pour boire un verre.

La distillerie ne paye pas de mine, un hangar et un minuscule point de vente, à peine signalés au bord de la nationale. Voilà trente ans que des métropolitains, ont ouvert cette petite usine avec des alambics et des presses ramenées de France.

L'activité principale est la production d'huile essentielle de Niaouli. Les savanes à Niaoulis, abondent dans la région. Cette essence a la réputation d'être un produit miracle, utilisée en inhalation, en friction, ou en diffusion, elle vient a bout de tous les problèmes respiratoires ou est simplement source de bien être. La cuve à Niaouli, peut recevoir deux tonnes de feuilles. La production est de un litre d'essence pour 200 kilo de feuilles.

Outre l'essence de Niaouli, l'entreprise produit également des huiles rares : huile de pépins de Pamplemousses ; anti fongique, anti bactérien, anti microbien, anti parasitaire.... enfin anti tout ce qui est nocif et pro tout ce qui est bon. Il y en a parmi vous qui sont plus calés que moi sur le sujet.

Concernant l'huile de noix de Bancoul, je recopie la notice. « Cette huile originale provient d'un arbre originaire du pacifique, le bancoulier. Son fruit, la noix de Bancoul, contient deux graines âcres et dure au goût de noisette, fournissant l'huile de Kuiki.... huile siccative utilisée par les peintres. Cette propriété, lui offre une capacité surprenante pénétrer dans la peau. Ce toucher très sec, couplé à sa composition riche en acides gras essentiels (oméga-6) lui procurent des vertus régénérantes et réparatrices hors du commun... » Enfin voilà si vous avez du psoriasis, de l’herpès ou autre problèmes cutanés, passez moi commande.

Distillerie, signifie aussi alcools pour boire. Celle-ci en produit pour tous les goûts ( sauf le mien, je n'aime pas les liqueurs, à ce titre je préfère les distilleries écossaises) : liqueurs de mangues, pamplemousses, bananes ect …

Comme j'aime bien les machines, j'ai pris quelques photos dans l'atelier d'alambics, presses à fruits ou presses à huile. On m'a tout expliqué, mais je ne me souviens pas de tout .













lundi 20 janvier 2014

Dans les yeux de Cassy



La note« Une journée avec Cassy » a été écrite sur le vif. Il s'agissait,à travers un témoignage factuel de faire comprendre le poids des contraintes liées aux soins quotidiens que nécessite un enfant handicapé, mais aussi que, malgré tout, c'est l'amour qui prend le dessus.

Pourquoi tant d'amour alors que les gratifications paraissent si minces ? C'est ce point, qu'avec un peu plus de vécu et après de longs dialogues avec les parents, je voudrais approfondir. J'ai trop rapidement ramené au seul sourire le vecteur du dialogue. Je suis convaincu maintenant que la compréhension par l'enfant de ce qu'on lui demande mais aussi de ce qui est prononcé, sans que l'on s'adresse directement à elle, va bien au delà de ce que à priori on pourrait penser. En retour, l'enfant aussi exprime son bien être, son mal être, mais aussi son affection, sa tristesse, le désespoir de son impuissance, la colère et même de l'ironie et de l'humour.

Je m'aventure sur un terrain difficile, parce qu'il faut abandonner toutes références et toutes certitudes. Même les règles de la communication non verbale classique, n'ont plus court. Une chose est certaine, en tout cas, c'est que entre l'enfant, ses parents, son frère et certains des proches qui la côtoient fréquemment, se développe un langage intuitif, passant pour ce qui concerne Cassy essentiellement par les yeux et pour son entourage par les mots, bien sur, mais aussi par des gestes, des attitudes ou des signes.

Cassy aura cinq ans dans quelques jours, voilà une évidence qui m'avait pourtant échappée, tant elle est menue et que son absence de langage et de locomotion nous amènent à la considérer et à la traiter comme un bébé. C'est son père qui nous a rappelé cette réalité pour nous engager, lorsque l'on parle devant elle, à ne pas ignorer sa présence et éviter des sujets qui pourraient la blesser. Il s'agit là d'une marque de respect. En fait, on ignore tout de ce que Cassy, entend, comprend, perçoit de son état et de son avenir. Dans le doute, il est effectivement sage de s'abstenir de parler de Cassy devant Cassy.

Une telle précaution, paraît d'autant plus légitime que, par ailleurs, de nombreux niveaux de reconnaissance et de compréhension paraissent incontestables.

On ne peut absolument pas douter qu'elle reconnaît ses jouets, des lieux et des situations familiers. Elle a des jouets ou des musiques qui la calment immédiatement quand elle est agitée. Sa souris doudou a un effet magique. Elle adore regarder des dessins animés, mais «Dora » la met dans un état d'extase et d'attention véritable.

Elle reconnaît ses proches. C'est évident pour ce qui concerne son père, sa mère son frère et son assistantes de vie, qu'elle côtoie journellement ou presque. Quand elle les voie, ses manifestations de joie, ses rires, son bonheur sont évidents. Aucun doute n'est permis. Je pense qu'elle reconnaît également les proches, qui s'occupent d'elle et qu'elle voit moins fréquemment. Mais a t-elle une véritable mémoire ? Sans en être certain je le crois fortement.

A mon arrivée en Nouvelle Calédonie mi-décembre, alors que je ne l'avais pas vue depuis juin, j'ai perçu dans son attitude et son regard des signes de plaisir et de reconnaissance. Je l'ai exprimé, ne sachant pas si mon désir d'être reconnu, ne m'a pas fait trouver dans son regard plus qu'il ne disait en réalité. Pour ses parents il ne fait aucun doute qu'elle m'a reconnu. Ce matin même elle a accueilli avec joie la kinésithérapeute qui la fait travailler en piscine et qu'elle n'avait aperçue qu'une fois depuis six mois.

Un environnement familier, calme et aimant, est donc un facteur d'apaisement. Cassy ne manifeste pas pour autant de mécontentement ou de stress particulier dans des situations nouvelles. Elle change volontiers de mains et supporte plutôt bien les voyages en voiture ou en avion.

Elle manifeste, par de petits pleurs d'alerte, son impatience quand elle veut changer de position ou de situation. Raz le bol du lit, de la chaise haute ou vite j'ai faim !

Il n'y a que le mal être ou la douleur physique qui la font véritablement pleurer. Malheureusement elle est comme toutes les filles Rett, sensible aux problèmes gastriques ou respiratoires. C'est surtout dans la maladie et la souffrance que Cassy montre vraiment du désarroi.

On parle beaucoup à Cassy, aussi il est certain qu'elle comprend de nombreux mots et répond donc à des sollicitations. Je ne suis pas assez familier avec elle pour en faire l'inventaire. Ce dont je suis certain c'est qu'elle comprend et réagit à son nom et obtempère à « lève la tête », « ouvre la bouche », « fait un bisou » Une foule de mots ne sont pas des injonctions, mais entrent certainement dans sa sphère de compréhension . « on va manger », « il faut dormir »« c'est bien », « bravo », « tu as tout fini », « tu es belle » et tous les mots tendres qui accompagnent son quotidien.

Selon moi sa compréhension va bien au delà des mots liés aux gestes quotidiens. Un mode de compréhension d'elle même et de son handicap, dont les contours nous sont inaccessibles existe sans doute, dont il faut tenir compte. Le principe de précaution ne s'appliquerait-il pas dans cette situation ?

Cassy j'en suis certain a conscience de son handicap et en souffre. Sa mère m'a montré ses efforts pour utiliser une de ses mains, l'autre étant retenue, car elle ne peut pas se concentrer sur les deux à la fois qui s’agitent fébrilement. Elle la lance pour attraper un jouet, mais le heurte seulement . Elle voudrait le saisir, recommence, mais n'y parvient pas et en souffre. Cette souffrance, ses parents en sont convaincus, peut aller jusqu'à une tristesse telle qu'elle confine parfois à la dépression.

Pour s'exprimer enfin, Cassy dispose d'un atout irremplaçable, ses yeux et avec ses yeux son sourire et son rire.

Cassy a de beaux yeux ou se rencontrent le vert, le noisette et le jaune, en association et en intensité variables selon la lumière et l'humeur. Le regard de Cassy, son père a mille fois raison, n'est plus un regard de bébé, c'est un regard de petite fille, riche d'une incroyables palettes d'expressions, qu'il nous appartient de lire.

Bien sur il est des moments trop fréquents ou Cassy se réfugie dans son monde d'autiste, un territoire effrayant, lointain et inaccessible. Dans ces moments ses yeux sont mornes et vides, rien n'a de valeur, ni rires, ni mimiques. Le temps est aboli. Cassy n'est pas Cassy.

Cassy est quand même, le plus souvent présente, elle regarde autour d'elle, suit les mouvements, interpelle, elle répond aux sollicitations, en quelque sorte, elle participe.

La palette des regards et des expressions, va de la colère à la franche joie en passant par le reproche, la lassitude, l'inquiétude, l'appel au secour, l'ennui, la résignation, l'indifférence, le sommeil, l'ironie, la condescendance, l'approbation, la confiance, l'amusement, l'interpellation, le plaisir, l'affection, la tendresse.

Il n'y a pas un seul sourire, mais des dizaines de regards qui constituent un véritable langage. Les yeux sont le reflet de l'âme dit-on, en ce sens Cassy ne fait ni plus ni moins que les autres enfants. Oui, mais Cassy ne s'exprime que par son visage et la maladie et les tics rendent leur lecture moins évidente. Il faut beaucoup de proximité et d'intimité pour bien lire dans ses yeux.


Sur ce point ma note précédente était trop lapidaire. Je parlais du sourire comme s'il n'y en avait qu'un seul. En fait le puissant lien qui unit les filles Rett et leurs proches est renforcé par une communication riche et variée, certes non conventionnelle, mais riche de mots, de gestes mais surtout de regards. De cette communication et de la capacité de compréhension des enfants, on ne sait rien. Il parait donc prudent de les protéger d'une compassion trop marquée ou de discours trop pessimistes ou alarmistes les concernant. Le mieux semble donc être de les entourer de mots gentils et encourageants et de joie de vivre.