Le parcours complet dure une paire d'heure. Parfait pour un jour de pluie.
C'est à la fois un modeste voyage dans l'espace et un troublant voyage dans le temps qu'offre la ligne kaki. Les autres sont rouges et d'une cuvée à peine plus récente.
Ce parcours permet de voir défiler les maisons les plus huppées de la Nouvelle Orléans. Les plus anciennes datent du XlX ème siècle et sont de style victorien, avec des colonnes. En prime on peut caresser l'espoir de croiser Nicolas Cage, ou une autre star de Hollywood, possédant une villa ici.
Les tramways (street cars) de la Nouvelle Orléans n'ont rien cédé au modernisme. C'est une conception particulière du temps qui s'y exprime. Tout d'abord il faut les attendre en ignorant tout du délais. Les passagers patientent, ils parlent à leur voisin. Il est très courrant à la Nouvelle Orléans d'engager la conversation avec des inconnus. Ma mauvaise pratique de L'anglais m'a mis à l'écart de ces conversations spontanées. Dommage.
Le chauffeur vérifie ou délivre chaque titre de transport, c'est dire la durée de chaque arrêt dès qu'il y a un peu de monde.
L'ambiance dans la rame est joyeuse et bruyante. Le ou, à égalité, la chauffeur annonce d'une voix forte le nom de l'arrêt suivant et l'emplacement de la porte qu'il va ouvrir. Au besoin les passagers demandent bruyamment l'ouverture de la porte arrière. "Back door !"
Le poste de pilotage ne compte que deux manettes en fonte, ni cadrant, ni électronique. La cloche d'approche est actionnée par une chaîne. Les voyageurs demandent l'arrêt en tirant sur un câble qui court tout autour de la voiture à hauteur d'homme.
Au terminus le chauffeur, bâche son poste de pilotage, inverse les dossiers de bois, réoriente la tige de contact électrique sur le toit à l'aide d'une corde et manie l'aiguillage pour gagner la voie de retour.
Ce tramway d'hier n'est pas seulement folklorique, il semble répondre aux besoins d'aujourd'hui à la Nouvelle Orléans. Il est un pied de nez au toujours plus : de monde, de vitesse, d'efficacité.
Il semble que la technologie réponde à de nouveaux besoins. Le tramway de la Nouvelle Orléans en est un démenti cinglant. C'est la technologie qui conditionne une manière de vivre. Lorsque la fuite en avant du tout technologique est freinée la vie tranquille reprend ses droits.
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