Fucking méditation : confinement.
Ce n’est pas que je m’ennuie, mais voilà trois semaines que je suis confiné chez moi. Pas volontairement, mais légalement contraint à rester enfermé dans mon appartement, à l’exception des courses alimentaires et d’une heure de sport à moins d’un kilomètre de chez moi. Pour ces sorties je dois me munir d’une attestation vérifiable par la police, Sans ce papier je risque cent trente cinq euros d’amende.
Si tu avais lu ces premières lignes, disons, le trente et un décembre dernier, tu aurais pensé que je m’essaye à écrire un récit de science fiction. A ce moment là un méchant virus, au nom d’une marque de bière mexicaine, la Corona, avait profité de la pangolin phagie, ou peut-être de la chauve souris phagie, on ne sait pas trop, d’un gastronome chinois pour infecter un être humain, puis dix, puis mille puis des millions. Cela s’appelle la contagion, ça court le monde, à pied, en voiture, en avion, et même en paquebots de croisière. Ce virus profite de notre déplorable manie de nous toucher les uns les autres pour se saluer, s’aimer ou danser et de notre propension à nous rassembler par petits groupes pour boire un verre, manger ou faire du sport et par dizaine de milliers dans des stades, des salles de concert et des lieux de culte. Résultat, plus de la moitié de l’humanité a été confinée, les systèmes de santé sont débordés, nous comptons les morts par milliers. Ce n’est pas de la science fiction, cela s’appelle une pandémie et aucun être vivant aujourd’hui n’avait connu ça.
Fucking pandémie
Tu sais, parce que tu le vis, qu’une pandémie ça crée un climat. On sait que la peur révèle, le pire chez les pires, le meilleurs chez les meilleurs, mais surtout ça réveille les bavards, ceux qui ont un point de vue sur tout, un jugement sur tout et sur tous ou une théorie plus ou moins fumeuse à propager. Avec les moyens de communication modernes, la télévision qui pérore, les vrais experts et les charlatans, l’internet en ébullition, les politiques méchants qui croient jouer le coup d’après, le pauvre confiné ne sait plus à quels saints se vouer. En qui avoir confiance ? à qui se fier ? Il y aurait là matière à fucking méditation. Gardons là pour quand nous aurons plus de recul.
Le confinement de plusieurs semaines, seul dans un petit appartement, est une expérience, sans doute une épreuve, à traverser au jour le jour, mais aussi dans la durée pour en sortir physiquement et mentalement indemne. C’est le moment ou jamais de mobiliser ses ressources, de les mettre au service d’une discipline personnelle, et d’une réflexion sur soit et notre place dans le monde, une sorte d’introspection en pratique.
Je ne veux surtout pas, par ces mots, me donner en exemple, donner «mes» recettes. Je fais comme je peux, en fonction des contraintes et avec mes ressources. En fait c’est simple dans la vie d’avant je faisais de la marche nordique, je pratiquais la méditation, la gymnastique taoïste, le qigong et le taichi, enfin le kit d’énergétique chinoise complet. Ces pratiques font partie de ma de vie. Et bien tout simplement je continue. Si, sur la marche nordique, compte tenu des contraintes, je me limite à une pratique minimum, quitte à augmenter la part des exercices physiques statiques, par contre je peux passer d’une séance bi-hebdomadaire à une séance quotidienne pour les pratiques d’énergétique chinoises. Cette discipline, combinée à une alimentation, maîtrisée est ma manière de rester en forme et de penser positif.
La méditation joue un rôle important, elle permet de se centrer sur l’essentiel, de cimenter entre elles les différentes facettes de ma vie et donne la cohérence qui me permet tout simplement d’être.
L’idée de ce texte est le résultat d’une vrai séance de méditation.
Méditation
Je suis assis sur mon balcon, le dos droit, les mains posées sur les genoux. Les micocouliers et les immenses pins parasols sont si près que je me plais à qualifier mon petit appartement au deuxième étage de cabane dans les arbres. Il s’agit d’un paysage sans horizon, derrière les arbres, avec, en vis à vis, plus ou moins cachée, selon la saison, une autre résidence.
Je commence à méditer en éprouvant ma présence, mon poids, le relâchement des épaules, la droiture de ma colonne vertébrale, enfin j’en viens à mon souffle que j’observe, que je ralentis, j’apprécie l’air que je respire, sa fraîcheur souvent, sa chaleur quelquefois. Je reste un moment attentif à ma respiration. Moi ici, respirant, vivant.
J’élargis mon attention à ma peau aux sensations de chaleur, de fraîcheur, de mouvements de l’air, parfois rien, souvent une brise, quelque fois du vent. L’air porte parfois des odeurs, de fleur, de cuisine ou de cosmétiques.
Je porte ensuite mon attention aux sons, les recherche tous, automobiles qui passent dans la rue, voix, aboiements, roucoulements, gazouillis d’oiseaux proches ou lointains, dans les feuilles. Au cœur de l’été je médite dans le tintamarre inouï des cigales. Des bruits surviennent, d’autres cessent. Je me met en situation de les écouter comme une symphonie de les accepter sans les juger, sans les classer. Il n’y a pas des beaux bruits et des bruits désagréables. Une tronçonneuse, c’est un homme qui travaille, les automobiles, les avions, c’est l’humanité qui vaque à ses occupations. Parfois tous les bruits cessent, c’est souvent le cas en cette période de confinement ou la circulation est presque à l’arrêt. Le silence est une pose dans la fébrilité du monde, presque incongru.
La vie est bruyante. Toutes les formes de vie. Du vent dans les feuillages, les oiseaux qui volent, qui gazouillent, qui chantent. Les chiens, les chats, les mouettes, les coqs poussent des cris. Les insectes et surtout les cigales l’été créent du son. Les hommes avec leurs voix, leurs machines, leurs moteurs, leurs musiques font du bruit. Depuis mon balcon, selon les jours, les moments de la journée, les saisons, les bruits se combinent de manière toujours inédite.
J’élargis ensuite mon attention aux images, je dé focalise mon regard, mets mes yeux en position de récepteurs et laisse la lumière et surtout le vert tendre et apaisant des feuillages entrer en moi. Les images orientent quelquefois ma méditation. Des pigeons dans les arbres qui font leur toilette et laissent parfois tomber un duvet qui descend lentement vers le sol. Un spectacle incroyable tous ces duvets qui planent vers le sol. Parfois c’est à une ombre que je m’attache et je suis son mouvement étonnement rapide qui n’est que le résultat de la rotation de la terre autour du soleil. Parfois au couchant j’observe l’évolution de la couleur de la lumière sur une branche.
Bien sûr, quand une pensée sans rapport, vient à l’improviste, distraire mon attention je reviens à mon souffle, aux bruits, à la lumière, à cet instant unique, toujours changeant, l’instant présent.
Méditer est un moment d’inaction, sans autre objet que de freiner le flux incessant de pensées, souvent inutiles qui le bombardent sans répit et de rester attentif à ce qu’il advient dans l’instant dans la bulle accessible à nos sens, y compris notre corps et d’écouter les messages que reçoit notre esprit disponible.
Inutiles humains
Cet instant est riche de sens. Immobile sur ma chaise, je suis au centre de la vie, entre le ciel, si variable et si immense qu’il ne peut pas être appréhendé et la terre qui donne vie aux arbres et à une multitude de végétaux, qui croissent, se parent de fleurs, lancent des nuages de pollens, mettent, gardent puis perdent leurs feuilles, s’abreuvent de la pluie et souffrent de sécheresse l’été. Cette végétation est là. Avec ou sans les hommes, elle serait là.
Dans les arbres, même en ville il y a des oiseaux ; des pigeons ramiers, des tourterelles, des pies, des mésanges, des rouges queues et bien d’autres. L’été le ciel est traversé par des hirondelles et des martinets, parfois des corbeaux et toujours des mouettes. Rarement des écureuils parcourent les branchages, incroyablement habiles. Moins visibles on imagine les mulots, les abeilles, les mouches, les moustiques. Tout le peuple des insectes est là. Cette vie animale qui peuple la pinède est sauvage, elle se loge et se nourrit seule, elle n’a pas besoin de nous pour tenir et garder sa place dans le monde.
Enfin il y a les humains, de mon balcon je ne les vois pas, seulement, parfois, une silhouette sur un balcon d’en face. J’entends rarement une conversation, plus souvent la musique d’une radio, jamais des chants humains. Le bruit des hommes c’est d’abord le bruit des moteurs, motos, voitures, camions, hélicoptères, avions, perceuses, tronçonneuses. Le bruit des hommes c’est d’abord le bruit de l’essence qui explose. Le mouvement des hommes, leur énergie, vient de la surface de la terre, il faut bien manger, mais surtout de ses entrailles, avec le pétrole et toutes les énergies fossiles. Le bruit de l’humain est celui des machines.
Les végétaux, les animaux vivent de ce qu’ils prennent et donnent a la terre et ceci dans un mouvement perpétuel de renouvellement. Ils sont là simplement et y resteront. Les humains, par contre, prennent à la terre ce que jamais ils ne pourront lui rendre, ils l'épuisent sans vergogne tout en déréglant le climat. L’humain est trop gourmand, l’humain détruit, l’humain va à sa perte.
Dans l’infini du temps de l’univers, jusqu’à une explosion cosmique, il y aura toujours sur terre, des arbres, des plantes, des insectes, des animaux. Ils n’ont pas besoin de nous. Bien au contraire ils ne se porteront que mieux.
Vive un monde sans les humains. Ce n’était qu’une fraction infime de seconde à l’échelle du temps de l’univers.
C’est la faute aux moteurs
Les épidémies anciennes circulaient à dos de chameaux ou en bateaux à voile, au rythme des caravanes des commerçants ou des guerriers. Elles parcouraient, cependant, de sacrées distances. C’est ainsi que la peste en plusieurs vagues a décimé les populations dans de nombreuses régions du monde. Les virus de tous temps ont utilisé les moyens de transport de l’époque pour se diffuser et semer la mort sur leur passage.
Les moyens de notre époque ce sont les avions, les somptueux paquebots de croisières et tous les engins à moteurs qui répondent à la frénésie des humains à bouger d’un bout à l’autre de la planète, pour le business, pour les loisirs, enfin souvent des raisons futile.
C’est ainsi que du pangolin de Wuhan en chine, le virus a infecté un gastronome en viande sauvage. Sautant ensuite d’humain à humain, il a envahi le quartier, puis la ville, puis la région et enfin le monde. Il a d’étape en étape, profité des rassemblements religieux, des matchs, des concerts, des apéros pour, en moins de trois mois, prendre ses aises partout dans le monde, y compris les lieux les plus reculés. Il faut dire que ce virus est particulièrement contagieux.
Les moteurs ne sont pas seulement responsables de la propagation du virus ils sont aussi responsable d’une désorganisation du monde qui s’appelle mondialisation. La rapidité et la facilité des déplacements a incité nos industriels à saisir l’opportunité de bas salaires, en Chine, plus généralement en Asie, pour délocaliser leur production dans des usines du bout du monde. Ils ont généré du chômage donc bien des souffrances dans nos beaux pays développés. L’important pour eux était le profit permettant de belles distributions annuelles de dividendes. Peu importe la casse sociale dans leur pays. Pourtant la mondialisation nous l’avons acceptée comme une fatalité. Les vêtements, les chaussures et l’électronique venus d’Asie sont tellement bon marché !
On s’en mord les doigts aujourd’hui. Nous sommes habitués à recevoir rapidement et en un clic, tout ce dont on a besoin, alors pas de stocks chez nous. Erreur ! Que faire aujourd’hui quand on n’a plus, ou presque, de moyens de production dans notre pays pour fabriquer des masques, des médicaments, du matériel médical, indispensables pour faire face à un afflux de malades dans les hôpitaux alors que tous les pays du monde sont dans la même situation que nous ? Eh bien, c’est la foire d’empoigne. Les pays se volent des chargements de masques sur le tarmac des aéroports chinois. Les prix s’envolent, la pénurie reste.
Économistes, décideurs il va être temps de tirer des leçons. Capitalistes ! il faudra trouver d’autres moyens pour vous gaver. Il faudra vous rappeler du mythe du maître et de l’esclave. Il ne date pas d’aujourd’hui.
la science à la peine
Bill Gates nous avait averti il y a quelques années ; le plus grand danger pour l’humanité n’est pas atomique, ce sont les virus. Nous qui développons les algorithmes les plus sophistiqués, disposons de technologies qui facilitent tellement la vie, avons tissé sur la planète des réseaux de communication de toute sorte, voyagé sur la lune, sommes incapables de tenir en respect un virus.
Le seigneur du pays Chine a puni ceux qui ont sonné l’alerte, a caché longtemps qu’un vilain virus était entrain de lui échapper. Le virus a pris ses aises dans le monde entier parce qu’il n’existe aucune arme contre lui, ni médicament, ni vaccin, ni algorithme pour anticiper et stopper sa propagation. Les labos ont beau s’activer, rien ou presque pour le juguler. La science ne peut rien, la science est impuissante. Ça n’empêche pas les experts de causer de se répandre en injonctions contradictoires. Vous vous souvenez de ceux qui parlaient d’une grippette, ils se sont excusé vite fait quand les faits leur ont donné tort, pour mieux continuer à causer et à dire d’autres bêtise.
Aujourd’hui, quatre mois après le début de l’épidémie, on ne sait toujours pas comment le virus se propage. On ne sait pas combien de temps il reste actif sur une surface touchée par une personne infectée. Nous ignorons à quelle distance barrière il faut se tenir d’elle. On ne sait toujours pas si les masques sont utiles ou pas. On ne sait pas s’il faut tester ou pas, ni qui il faut tester. Le problème c’est que devant tant d’ignorance les décideurs politiques ont diffusé des injonctions dictées exclusivement par des impératifs politiques. Souvenez vous de la porte parole du gouvernement, jurant la main sur le cœur que les masques ne servent à rien, elle s’appuyait, la pauvre sur des avis d’experts. Aujourd’hui les masques sont en passe de devenir obligatoires. On pourrait raconter des anecdotes similaires pour les mesures de distanciation et sur les tests.
Cette communication, presque exclusivement au service des intérêts politiques est bien une communication de guerre destinée à maintenir le moral des troupes. Je ne jette pas la pierre à nos gouvernants, ils n’ont pas beaucoup de certitudes auxquelles se raccrocher sur la ce virus imprévisible et toujours mal connu. Loin de moi l’idée qu’ils ont la moindre intention malveillante. Ils font ce qu’ils peuvent.
Quelle que soit la volonté et la compétence des scientifiques du monde entier il est un fait, pas un jugement, que ce virus leur échappe encore. Ils finiront sans doute par trouver un médicament, puis un vaccin. L’urgence impose donc des solutions d’organisation pour réguler, freiner et j’espère arrêter la circulation du virus. La seule solution qui s’impose mondialement, y compris chez les plus réticents qui s’y rallient, est le confinement, quel qu’en soit son coût économique et les moyens de contrôle à mettre en œuvre pour le faire respecter. En 2020 nous en sommes réduits à appliquer les mêmes mesures que celles qui étaient prises au moyen âge pour stopper la propagation des maladies, quitte à ruiner notre économie. Quand on ne dispose pas de remèdes on confine.
De tous temps, le confinement, la quarantaine ont été le seul moyen de lutter contre la propagation des épidémies. Remercions au passage Pasteur qui a mis au point la vaccination qui a sauvé de manière préventive tant de vies humaines et Alexander Fleming qui a découvert les vertus curatives de la pénicilline qui a donné naissance aux antibiotiques. Quel que soit le battage fait autour d'un médecin Marseillais et de la chloroquine, n'est pas Pasteur qui veut. Le populisme médical a trouvé son chef de file.
Nous pourrions croire que la science des algorithmes, qui s’est développée dans tous les domaines ces dernières années aurait pu donner aux décideurs des outils de décision pour organiser socialement les modalités d’arrêt ou tout au moins de ralentissement de la propagation du virus et, si le confinement était la meilleure solution, organiser rationnellement les modalités d’entrée et de sortie. Si des experts travaillent, soit ils sont en retard, soit ils ne sont pas écoutés, parce que le sentiment d’impréparation et d’improvisation domine.
Sans mettre en cause qui que ce soit, parce que je suis convaincu que les scientifiques, qu’ils soient biologistes, médecins fabriquant d’algorithmes, et les politiques travaillent tous d’arrache-pied pour nous sortir de la mouise, il n’en reste pas moins que cette pandémie révèle les insuffisances de la science pour ce qui concerne la santé.
On veut Vieillir, pas mourir
L’espérance de vie s’est accrue de manière considérable dans les dernières décennies, d’où un vieillissement considérable de la population. L’age de départ à la retraite n’a guère varié (non pas de fucking méditation sur ce sujet) L’espérance de vie après l’age de soixante ou soixante cinq ans est encore longue. Dans nos sociétés la plupart des personnes sont alors en bonne santé, pleines d’énergie et disposent de ressources financières assez conséquentes.
L’arrivée du Covid 19 a donné à voir des paquebots de croisières de luxe tous bondés de vieux. Des centaines de camping car fort coûteux appartenant à des couples âgés se sont trouvés coincés sur les côtes portugaises ou marocaine ou ils passaient tranquillement l’hiver. Des foules des personnes âgées en voyage organisé ont appelé au secours des quatre coins du monde pour se faire rapatrier.
Les jeunes vieux profitent, ils font du sport, remplissent les festivals et les salles de cinéma, voyagent au quatre coins du monde. Cette génération, la mienne, celle qui n’a pas connu de guerres, a profité du progrès technique et du développement économique des trente glorieuses pour mener une vie sans privation, ne veut pas s’arrêter au moment de la retraite, bien au contraire il y a une soif de profiter à fond des dernières années en bonne santé.
Le temps, cependant, remplit inexorablement sa mission d’usure en distribuant toutes sortes de pathologies, qui, du cancer aux maladies neurologiques, en passant par le cœur ont bien affaibli ces personnes. Elles ont entre, disons, quatre vingt cinq ans et plus de cent ans, sont pour la plupart en maison de retraite. La médecine fait des miracles; elle les tient en vie, longtemps. La société s’occupe d’eux chaque jour. Aides à domiciles et aides soignants pallient à leur dépendance. Depuis la grandes canicule nous veillons à bien les hydrater, à les climatiser.. Ces vieux là, enfin ces personnes âgées là, nous y tenons, ce sont nos parents, nous les aimons et nous voulons les garder le plus longtemps possible.
Arrive, une canicule, ce sont bien sûr les plus fragiles qui paient le plus lourd tribut. C’est normal ils sont à la limite de leur vie, il suffit d’une pichenette et les voilà fauchés.
Arrive aujourd’hui ce drôle de virus, qui joue avec nos défenses immunitaires. Il laisse en paix les enfants. Pour les adultes jusqu’à quarante cinquante ans, pas trop de raisons de s’inquiéter, après, ça dépend, on ne sait pas trop, il y en a qui ne se rende compte de rien et d’autres qui finissent à l’hôpital, sous respirateurs, voire en réanimation. En valeur relative, ce n’est pas beaucoup, mais en valeur absolu, c’est suffisant pour mettre à la peine, notre système de santé et tous les systèmes de santé du monde.
L’attention de tous les média du monde se focalise sur les hôpitaux. Et là, c’est le déferlement, nous avons droit à toutes les histoires possibles : pénurie de tout, combattants sans armes, dévouement, héros que l’on applaudit chaque jour à vingt heure à nos fenêtres, méchants qui volent des masques, qui expulsent des infirmières de chez elles. Notre télévision dégouline de bons sentiments jusqu’à la nausée. Je suppose que c’est à ça que ressemble l’information en temps de guerre. On fait peur et on rassure. Tu connais la chanson. C’est certain il y a là matière à méditer, mais je m’égare, ce n’est pas mon sujet.
Tu te souviens de la première guerre mondiale plus de dix huit millions de morts. Grippe espagnole dans la foulée plus de cinquante millions de morts. Les morts à la guerre, les soldats presque dix millions c’étaient des jeunes. La guerre ne faisait pas de tri parmi les civils. La grippe espagnole a, pour sa part, touché toutes les générations.
Je ne dis pas que la mort d’une personne âgée malade ce n’est pas grave. Nous avons raison de vouloir les garder auprès de nous le plus longtemps possible. Nous les pleurons et regrettons les obsèques sommaires auxquelles nous sommes contraints. Je me trompe peut-être sur la prévalence de ce virus à toucher les personnes âgées et particulièrement celles qui sont déjà affectées par d’autres pathologies. Je n’ignore pas qu’elle fauche aussi des plus jeunes mais plus rarement. Si c’est le cas, prenons conscience qu’une guerre ou une épidémie, qui laisse des jeunes veufs ou veuves par million, qui remplit les orphelinats d’enfants sans parents, laisserait infiniment plus de blessures durables qu’une épidémie qui touche essentiellement les plus âgés. Ce que je veux dire, rien de plus, c’est que si la jeunesse est préservée il y aura beaucoup moins de drames individuels et que la société aura plus de chances de s’en relever.
Nous savons et nous devons nous occuper des personnes âgées et chaque mort est un drame. Dans ce cas, la mort c’est juste un peu moins de temps de vie. La mort sait attendre un peu mais elle survient toujours. Si les forces vives sont là pour relancer une économie mise à mal par le confinement, je pense qu’elle aura laissé derrière elle moins de drames qu’une guerre et nous aura donné matière à réflexion, introspection et même à fucking méditation.
Cette pandémie n’est pas terminée, elle mettra longtemps avant de nous laisser en paix. Il est certain qu’elle va changer beaucoup de choses dans notre manière de vivre au quotidien. Elle va changer nos modes d’action économiques et sociaux, les relations avec les autres pays. Certain pensent que la prise de conscience écologique à laquelle ils aspiraient va enfin advenir. D’autres pensent que le populisme peut amener des régimes autoritaires à encadrer nos vies au détriment des libertés. Tout peut arriver et il est certain que les idéologues partout fourbissent leurs armes.
De mon balcon ou je médite je ne vois que la nature, dans sa majestueuse indifférence, à laquelle le printemps donne une vitalité exceptionnelle. Une nature à l'inépuisable vitalité, qui souffre parfois, mais s’accommode des humains. Je sais que si les humains n’apprennent pas à la respecter elle usera de moyens puissants pour se débarrasser d'eux. Peut-être par un virus, va savoir.
Montpellier le 7 avril 2020
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