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"Qui m'aime me suive" pour partager de la beauté, des rencontres, et même parfois des réflexions. Nouvelle Calédonie, Montréal, New York, la Nouvelle Orléans, Montpellier. Un blog hétéroclite au rythme de mes émotions, de mes coups de coeur et de mes voyages.
vendredi 31 janvier 2014
jeudi 30 janvier 2014
Chutes de la madeleine.
Le sud de la grande terre
évoque des paysages d'une autre ère, bien avant l'arrivée des
humains : Hautes montagnes de terre rouge et de roches gorgées
de fer et de milles oxydes, vastes plaines parcourues de rivières
vives et de mille ruisselets, trouées de lacs qui reflètent les
nuages, végétation étranges aux floraisons exubérantes. C'est le
territoire des Cagous.
Après les fortes pluies
de ces dernières semaines, la rivière des lacs était tempétueuse,
débordant largement son lit habituel. Les chutes de la Madeleine
n'en étaient que plus spectaculaires.
L'intérêt de la balade
est cependant la végétation dont les floraisons sont nombreuses en
cette saison. Muni de mon guide de la flore, j'ai identifié de
nombreuses espèces. Je vous livre, bien inutilement quelques noms,
malheureusement tous scientifiques, la faute à mon petit livre, sans
doute. J'aurais préféré les traductions des noms locaux, qui
auraient sans doute été plus savoureux .
Néocallitropsis panchéri
famille des cuprissacées : petit arbre à croissance très
lente et à port tortueux. Il fut surexploité parce qu'il contient
une huile essentielle fixatrice de parfums ;
Dacydium araucariadoïde
famille des podocarpacées.
Lomandra insularis
famille des asparagacées.
Dacrophylum verticalum famille des
ericacées.
Cunonia purpuréa famille des cunonia
atrorubens.
Xanthosternom auriantacus famille des
myrtacées ;
Myodocarpus fraxianfolius famille des
myodocarpées ;
mardi 28 janvier 2014
Manta
Avis personnel qui n'engage que moi. On ne connait pas un pays tant que l'on n'a pas gouté ses bières.
dimanche 26 janvier 2014
Rencontre avec le Chef Bergé Kawa
Les aires coutumières ne
sont accessibles aux visiteurs, qu'après avoir obtenu l'autorisation
du chef. La grande case de Sarraméa, perchée en haut d'une vaste
esplanade en herbe, bordée de pins colonnaires et de cocotiers, plus
que centenaires, sur le bord de la route de Petit Couli est
particulièrement majestueuse. Mais voilà le chef est introuvable.
Je suis venu exprès, aussi c'est dépité que je m’apprête à
reprendre la route. Alors que je quittais le petit Parking, un 4*4
s'arrête pour déposer un Grand homme chauve costaud, d'age mur. Je
passe la marche arrière, reviens au parking, sort de mon véhicule
et me fait immédiatement apostropher : « Vous cherchez
quelque chose ? » ; ton bourru ! « Oui je
cherche le Chef », C'est moi qu'est ce que vous lui voulez ? »
Je m'approche lui serre la main, me présente, lui fait part de mon
intérêt pour la culture Canaque et pour l'histoire de la Nouvelle
Calédonie. Je raconte ma visite à l'exposition du musée du Quai
Branly et mon souhait de partager son savoir sur le terrain. J'ai
passé l'épreuve avec succès, le Chef m'écoute attentivement,
m'informe qu'il est en mesure de m'exposer l'histoire de sa tribu et
de m'expliquer le sens des différents éléments de l'aire
coutumière et s'inqiète du temps que je pourrai lui consacrer car
cela prendra au moins demi-heure... Bien sur, moi, j'ai tout mon
temps, mais je ne voudrais pas abuser du sien et souhaite, bien sur,
le dédommager. Ce que je lui propose lui convient tout à fait. Il
me demande deux minutes, pour aller chercher des documents chez lui.
Et c'est parti pour plus de deux heures et demi d'un exposé
passionnant, documents à l'appui. J'ai sorti mon petit cahier et mon
appareil photo, noté tout ce que j'ai pu et photographié tout ce
que j'ai voulu. C'est ce récit que je reprends ici, tel qu'il a
été énoncé. Je n'ai fait aucun recoupement historique, ou de
dates. Il se peut que parfois, j'ai mal noté ou omis de demander une
précision ou même que certains points relèvent plus de la légende
que de la vérité historique.
Avant de me présenter
l'aire coutumière, le chef Bergé de la tribu Kawa a tenu à me
présenter l'histoire des Kawas
Tournant le dos à la
grande Case il me montre à l'ouest, la plaine côtière, me désigne
un point ou se rencontrent deux montagnes et dit. « ma tribu
vient de là bas, elle était installée à l'embranchement actuel
des routes de Sarraméa et de Farino, on est en 1878, les autorités coloniales ont concédé les bonnes terres à des colons dont de
nombreux bagnards du bagne de la Foa, ayant purgé leur peine. Les
tribus ont été repoussées au pied de la chaîne, dans des terres
pentues et moins fertiles.
L'été 1878 est
particulièrement sec. Le Bétail des colons, s'échappe et vient,
pour se nourrir , saccager les terres indigènes, détruisant les
cultures vivrières.
Devant ce fléau, le chef
Braïno, ( ce qui signifie qui a peur de la parole) grand père (je
pense plutôt arrière grand père, mais le terme de grand père
s'applique aussi pour des ascendants plus anciens, y compris pour les
frères de cet ascendant). réunit tous les chefs de clans, Ils sont
Treize, sur la photo, devant la grande case, représentant chacun
environ trois cent personnes. Braïno est le quatorzième, au centre
sur la photo, habillé à l'européenne avec un parapluie. Il parlait
un peu le français.
Lors de ce Conseil, il
est décidé que Braïno, irait à Focala rencontrer les autorités
occupantes pour demander l'arrêt des concessions de terres et la
maîtrise du bétail des colons par la pose de clôtures. Il se
rendit au bagne ou se trouvait la garnison, y fut courtoisement reçu
et obtint la garantie que sa requête avait été entendue et qu'une
solution serait recherchée.
C'est avec ce message
d'espoir qu'il revint auprès des chefs de clans, pour que ceux-ci
transmettent une parole d'apaisement, de patience et d'espoir aux
familles placées sous leur autorité.
Cependant au bout de
quatre mois, rien n'avait changé, la famine gagnait du terrain dans
les tribus. Une seconde visite aux autorités, fut tout aussi
courtoise. Le message de patience fut renouvelé ; « tout
ne peut pas se faire en un jour, les dispositions sont prises...
soyez patients. »
La patience dura encore
quatre mois, mais la famine s'aggravait et la colère montait. Ataî
le frère de Braïno demanda à participer à la troisième entrevue.
Le matin même il prépara deux petits sacs, l'un rempli de bonne
terre, l'autre de cailloux. L'entretien fut moins courtois :
« Si vous êtes pressés, construisez vous-même votre
barrière ! » « On construira notre barrière quand
les ignames sortiront de terre et viendront manger votre bétail »
leur fut-il répondu. Ataî vida son sac de bonne terre et dit,
« voilà ce que vous nous avez pris » ; puis vida le
sac de caillou et dit : « voilà ce que vous nous
laissez. »
De retour dans la tribus
Ataï dit « écoute mon frère pense aux femmes et aux enfants
qui n'ont rien à manger. ». Il dit qu'il ne veut plus attendre
et fait le tour des tribus pour chercher des partisans. Ces quelques
hommes résolus, s'en prennent aux installations et au bétail des
colons les plus proches de leurs terres.
C'est alors que commence
l'escalade qui va aboutir au massacre de milliers de Canaques. Les
autorités françaises traversent la chaîne et vont convaincre des
chefs des tribus de l'est, qu'ils savent en rivalité ancestrale avec
les tribus de l'ouest de combattre avec eux moyennant des fusils et
une prime à la tête de Canaque, tué.
Le massacre des tribus
commence alors, avec l'aide du grand chef Nandou et des tribus de
l'est qui passent la chaîne en direction de l'ouest,. Tous,
femmes et enfants compris sont exterminés ;
Cette période durera
trois ans et va voir disparaître une grande partie de la population
autochtone.
Sur une ligne de crête
au sud de la Foa, se déroulera la bataille finale. Ataï tuera dans
une embuscade le Colonel commandant les troupes françaises et fut
par la suite encerclé et tué.
Les prisonniers Canaques
furent envoyés au bagne, à l'île des pins, aux îles Belep
(extrème nord de la Calédonie, à l'ïle Torres ou aux Gambiers
(Tahiti)
Ataï deviendra le
symbole de la résistance Canaque . Sa tête finira au musée de
l'homme ou elle se trouve encore, malgré les demandes
réitérées des autorités coutumières de la faire rapatrier afin
de donner à Ataî des fun sur sa terre natale. Voir la photo de la
réponse de mars 2013 faite au nom du Président de la république,
François Hollande, à Bergé Kawa qui sollicite cette restitution.
Encore une réponse d'attente...
Bergé est donc le
descendant d'ancêtres illustres. Son père lui même à combattu
auprès des troupes françaises pendant la seconde guerre mondiale.
Il faisait partie de la division blindée de Lybie. Il pénétra à
Tripoli avec les troupes Françaises. Il est le seul Canaque a porter
le titre prestigieux de Compagnon de la Libération.
Bergé, lui même, à participé au début des année 1980, à l’élaboration du cadastre des tribus
Kanaks, pour la région de la Foa,, dans le cadre de la politique
initiée par François Mitterand de restitution des terres indigènes.
Ce travail, voir photo a été reconnu par les autorités françaises
, en particulier par le ministre Louis Le Pensec qui l'a pris comme
modèle. Aujourd'hui il reste sept tribus sur les quelques trois cent
du siècle dernier.
Au titre du sénat
coutumier, Bergé a participé à Genève en 2006, à l'élaboration
du projet de charte des Nations Unies sur le Droit des Peuples
Autochtones.
La zone coutumière,
telle qu'on la voie aujourd'hui, date de 1881. Le site en a été
choisi par le grand père Braïno, pour sa ressemblance avec le site
initial. Les pins colonnaires et les cocotiers ont donc plus de 130
ans.
Les pins symbolisent les
hommes et les cocotiers les femmes. Il alternent le long de l'allée
centrale, par contre le cercle autour de la case, n'est composé que
de pins. L'un d'entre eux a été planté en l'honneur de Pierre
Joxe.
Le poteau de Bambou, avec
le drapeau Kanak et le Poteau incliné vers la case, (Symbole
d'humilité) sépare la zone des chefs de famille de celle du tout
venant, des femmes et des enfants. La porte de la case, elle même
est basse et exige de s'incliner pour y pénétrer.
Lorsqu'un litige survient
dans la communauté (foncier ou autre) le Chef convoque l'ensemble de
la population. Chacun arrive avec des dons en nourriture qui servent
à la préparation, par une famille, dont c'est la mission
traditionnelle, d'un repas commun.
Les chefs de famille
prennent place au delà du poteau, le Chef les invite, ainsi que les
plaignants à entrer dans la case. Le personnage sculpté à l'air
inquiet à droite de la porte de la case symbolise les craintes du
plaignant à son entrée dans la case, le personnage joyeux à gauche
le représente sortant soulagé après le procès. Le personnage noir
central avec la langue rouge représente la parole.
Le Jugement est rendu
publiquement par le chef au niveau du poteau incliné. Chaque partie
est amenée à accepter la décision, s'engage à faire la paix avec
l'autre. Un échange de monnaies Canaques scelle le jugement. Le
repas pris en commun symbolise la paix sociale retrouvée.
Concernant la case, on
remarque a mi-toiture, deux fourches et deux bâtons, disposés en
croix, qui sortent du Chaume. En fait ils sont tous les quatre reliés
au poteau central et symbolisent la réconciliation. (fourche :
deux branches qui se rejoignent), la réconciliation a lieu à
l'intérieur. L'extérieur n'est pas propice à la Réconciliation.
Le poteau central
représente le chef, les branches qui tiennent le toiture et
convergent vers le haut, les différentes tribus, elles sont reliée
entre elles par une liane végétale embobinée qui représente leur
cohésion. Le tissage de palmes à l’intérieur de la toiture
représente l'élément féminin (femme, mère)
Dans chaque grande case
il y a un foyer. Le feu est allumé lorsque les chefs de famille
délibèrent.
La flèche faîtière est
également Chargée de symboles. Sept conques représentent les sept
tribus. Il n'en reste que cinq, les tempêtes en ont emporté deux.
Le demi cercle blanc, avec deux pointe tournées vers le ciel
représentent l'aigle, et signifie « la coutume règne dans les
airs », le losange rouge au milieu, une pirogue. Il représente
les tribus du littoral, celles dont l'élément est la mer. Le demi
cercle blanc avec les pointes tournées vers le bas signifie
l'ancrage à la terre. « La coutume règne sur la terre »
La toiture de la grande
case est usée, voilà trente et un ans qu'elle n'a pas été
renouvelée. Normalement elle est changée tous les vingt cinq ans et
demande dix jours de travail à dix hommes. Mais voilà les jeunes
aujourd'hui demandent combien ils seront payés, et Bergé est bien
impuissant devant le problème de la nécessaire rénovation de sa
chefferie.
Après un premier contact
assez froid avec le chef, mais c'est un jeu pour tester son
interlocuteur, cette après- midi a été riche d'enseignements et
d'échanges. Je ne croyais pas entrer aussi directement au cœur de
l'histoire Calédonienne et retrouver le mythiques Ataî, sur ses
terres et dans sa famille. Tout se fini par une photo chaleureuse
devant la case. Le grand chef remercie Dieu pour cette rencontre. Je
suis toujours surpris de voir à quel point la religion est
importante pour de nombreux autochtones.
S'il y a une leçon à
tirer, c'est celle de l'importance de la parole. La parole pour
négocier et apaiser, la parole plutôt que la violence. Les Canaques
ont, et ont toujours eu, le sens du dialogue et de la négociation.
Bien sur on ne le leur a jamais reconnu, le colon convoitait la terre
et la richesse et il n'y a que la force pour spolier un peuple.
Nota : Le terme
Kanak a été adopté dans le cadre de accords de Nouméa, il est
donc issu de l'histoire récente, c'est pourquoi, je lui préfère
souvent le terme Canaque, sans lui donner la moindre connotation
négative.
samedi 25 janvier 2014
Ranch
L'élevage des Bovins et parfois des
chevaux est l'activité agricole dominante de la côte ouest. Des
ranchs, à l'australienne, avec cowboys et toutes les traditions qui
l'accompagnent. La foire de Bourrail est une véritable, fête cowboy
avec concours de bétail, démonstration de monte et de lasso.
C'est le monde Caldoche, celui des
premiers habitants non autochtones de Nouvelle Calédonie.
Quelques photos de troupeaux montreront que l'on est très loin de la Margeride ou de L'Aubrac.
Parc des Grandes Fougères
Il s'agit d'un parc provincial récent, sur le territoire de la commune de Farino, dont une partie est ouverte aux randonneurs.
Une randonnée dans la
forêt primaire est une expérience particulière. Atmosphère lourde
est étouffante, sol glissant, silence, hormis quelques cigales, mais
pas d'oiseaux, Pas ou peu de panoramas.
J'ai choisi la version
longue ; plus de quinze kilomètres. J'ai pris quelques bonnes
averses. L'avantage, c'est que l'on peut rester mouillés, sans
risquer de prendre froid. L'eau du ciel se mêle à la sueur. Je suis
arrivé sur les genoux, je n'avais pas vu âme qui vive pendant plus
de trois heures. Mon plan, seul moyen de ne pas se perdre, était
trempé et en lambeaux.
Voilà des photos ou l'on
voit que les fougères sont vraiment grandes ! Plus de trente
mètres je pense.
Thio
Presque tout ce que j'ai
écrit sur Boulouparis, s'applique à Thio, sauf que Thio est plus
pittoresque. Quelques belles maisons coloniales dont deux restaurées,
l'une pour y installer le musée de la Mine (bien sur, fermé),
l'autre la médiathèque témoignent de la richesse passée.
A signaler aussi, un bon
petit restau, tenu par des femmes. Les tables dehors sont réparties
à l'ombre des manguiers.
Les Kanaks habitent en
tribu, soit en retrait, dans la végétation , long des routes, soit
isolés en forêt, le plus souvent au bord d'une rivière. Ou que ce
soit en nouvelle Calédonie, les habitants ne supportent pas la
curiosité des touristes. Ils exigent le respect de leur intimité.
Sur les lieux touristiques même il faut prendre mille précautions
pour obtenir l'autorisation de voir et toujours en échange de
quelques présents. C'est ce qu'on appelle la coutume.
Thio est avant tout une
ville minière. La première mine de nickel a été mise en
exploitation en 1874. la plus ancienne mine de Nouvelle Calédonie.
Quelques vielles machines rouillées, sont conservées.
La mine est encore en
exploitation, d’où un manèges de 4*4, et un émissaire en mer,
(Tapis roulant qui conduit le minerais brut de la mine, aux bateaux
minéraliers). Il faut passer la mine, ses camions, ses bulldozers,
sa boue rouge et ce fameux émissaire pour accéder aux plages
paradisiaques du sud.
L'ambiance était
mauvaise lors de mon passage. Thio, comme Cannala, sont réputés
être des fiefs indépendantistes ou les touristes ne sont pas les
bienvenus. En plus des camions et des engins de chantiers avaient été
incendiés en début de semaine. Du coup, la visite mensuelle de la
mine programmée pour samedi a été annulée.
Je dois dire que en
longeant les tribus en voiture, je n'ai pas fait l'objet que de
regards bienveillants. Cependant ce ne sont pas les indépendantistes
qui m'ont chassé de Thio, mais bien la pluie. Une pluie diluvienne
qui vous transforme en moins de deux le paradis en enfer liquide. En
plus les creeks qui dévalent de la montagne submergent rapidement la
route, que les bulldozers venaient tout juste de rendre praticable
après le passage de June, la semaine dernière.
La côte est absolument
superbe. Voilà quelques photos : la ville, la rivière, la
plage de sable noir, une plage de sable blanc. Sans plus de
commentaires.
Pétroglyphes
A
ma connaissance, il n'y que deux sites de pierres gravées en
Nouvelle Calédonie. Un proche de Païta, au bord d'un Kreek, un
proche de Thio. Ces gravures au motifs forts proches, bien que les
sites soient éloignés de plus de 120 km, l'un sur la côte ouest,
l'autre sur la côte est, témoignent du peuplement très ancien de
la grande terre. Cette époque, environ mille ans avant Jésus
Christ, dénommée Lapita, a également donné lieu à la découverte
de tessons de poteries décorées, dites Lapita.
Les
photos par temps sec sont celles de Païta, celles sous la pluie sont
celles de Thio. Je les ai prises depuis la portière de la voiture,
le rocher se trouve sur un terre plein entre deux routes.... et oui !
Distillerie de Boulouparis
A une heure de Nouméa, vers le nord, Boulouparis, s'enorgueillit d'être une ville à la
campagne. Le principal événement de l'année est la fête du cerf,
de la crevette et du poussin. Un grand espace lui est dédié, au
sud, en dehors de la ville. « Ici commence la Calédonie
rurale » proclame la banderole à l'entrée du bourg. Les
petites villes calédoniennes, n'ont rien de visitable, elles sont un
rassemblement de services : l'OPT (la poste) la BCI (Banque)
avec un guichet de retrait, l'église, une pharmacie, toujours grande
et moderne, une station service, une quincaillerie, quelques
commerce, plus ou moins de gros, liés à l'activité agricole et une
ou deux épiceries, vieillottes et encombrée, l'école communale, le
collège, parfois un lycée. Je n'ai pas trouvé à Boulouparis la
moindre gargote pour manger, ni même pour boire un verre.
La distillerie ne paye
pas de mine, un hangar et un minuscule point de vente, à peine
signalés au bord de la nationale. Voilà trente ans que des
métropolitains, ont ouvert cette petite usine avec des alambics et
des presses ramenées de France.
L'activité principale
est la production d'huile essentielle de Niaouli. Les savanes à
Niaoulis, abondent dans la région. Cette essence a la réputation
d'être un produit miracle, utilisée en inhalation, en friction, ou
en diffusion, elle vient a bout de tous les problèmes respiratoires
ou est simplement source de bien être. La cuve à Niaouli, peut
recevoir deux tonnes de feuilles. La production est de un litre
d'essence pour 200 kilo de feuilles.
Outre l'essence de
Niaouli, l'entreprise produit également des huiles rares :
huile de pépins de Pamplemousses ; anti fongique, anti
bactérien, anti microbien, anti parasitaire.... enfin anti tout ce
qui est nocif et pro tout ce qui est bon. Il y en a parmi vous qui
sont plus calés que moi sur le sujet.
Concernant l'huile de
noix de Bancoul, je recopie la notice. « Cette huile originale
provient d'un arbre originaire du pacifique, le bancoulier. Son
fruit, la noix de Bancoul, contient deux graines âcres et dure au
goût de noisette, fournissant l'huile de Kuiki.... huile siccative
utilisée par les peintres. Cette propriété, lui offre une capacité
surprenante pénétrer dans la peau. Ce toucher très sec, couplé
à sa composition riche en acides gras essentiels (oméga-6) lui
procurent des vertus régénérantes et réparatrices hors du
commun... » Enfin voilà si vous avez du psoriasis, de l’herpès
ou autre problèmes cutanés, passez moi commande.
Distillerie, signifie
aussi alcools pour boire. Celle-ci en produit pour tous les goûts (
sauf le mien, je n'aime pas les liqueurs, à ce titre je préfère
les distilleries écossaises) : liqueurs de mangues, pamplemousses,
bananes ect …
Comme j'aime bien les
machines, j'ai pris quelques photos dans l'atelier d'alambics,
presses à fruits ou presses à huile. On m'a tout expliqué, mais je
ne me souviens pas de tout .
lundi 20 janvier 2014
Dans les yeux de Cassy
La note« Une
journée avec Cassy » a été écrite sur le vif. Il
s'agissait,à travers un témoignage factuel de faire comprendre le
poids des contraintes liées aux soins quotidiens que nécessite un
enfant handicapé, mais aussi que, malgré tout, c'est l'amour qui
prend le dessus.
Pourquoi tant d'amour
alors que les gratifications paraissent si minces ? C'est ce
point, qu'avec un peu plus de vécu et après de longs dialogues avec
les parents, je voudrais approfondir. J'ai trop rapidement ramené au
seul sourire le vecteur du dialogue. Je suis convaincu maintenant que
la compréhension par l'enfant de ce qu'on lui demande mais aussi de
ce qui est prononcé, sans que l'on s'adresse directement à elle, va
bien au delà de ce que à priori on pourrait penser. En retour,
l'enfant aussi exprime son bien être, son mal être, mais aussi son
affection, sa tristesse, le désespoir de son impuissance, la colère
et même de l'ironie et de l'humour.
Je m'aventure sur un
terrain difficile, parce qu'il faut abandonner toutes références et
toutes certitudes. Même les règles de la communication non verbale
classique, n'ont plus court. Une chose est certaine, en tout cas,
c'est que entre l'enfant, ses parents, son frère et certains des
proches qui la côtoient fréquemment, se développe un langage
intuitif, passant pour ce qui concerne Cassy essentiellement par les
yeux et pour son entourage par les mots, bien sur, mais aussi par des
gestes, des attitudes ou des signes.
Cassy aura cinq ans dans
quelques jours, voilà une évidence qui m'avait pourtant échappée,
tant elle est menue et que son absence de langage et de locomotion
nous amènent à la considérer et à la traiter comme un bébé.
C'est son père qui nous a rappelé cette réalité pour nous
engager, lorsque l'on parle devant elle, à ne pas ignorer sa
présence et éviter des sujets qui pourraient la blesser. Il s'agit
là d'une marque de respect. En fait, on ignore tout de ce que Cassy,
entend, comprend, perçoit de son état et de son avenir. Dans le
doute, il est effectivement sage de s'abstenir de parler de Cassy
devant Cassy.
Une telle précaution,
paraît d'autant plus légitime que, par ailleurs, de nombreux
niveaux de reconnaissance et de compréhension paraissent
incontestables.
On ne peut absolument pas
douter qu'elle reconnaît ses jouets, des lieux et des situations
familiers. Elle a des jouets ou des musiques qui la calment
immédiatement quand elle est agitée. Sa souris doudou a un effet
magique. Elle adore regarder des dessins animés, mais «Dora »
la met dans un état d'extase et d'attention véritable.
Elle reconnaît ses
proches. C'est évident pour ce qui concerne son père, sa mère son
frère et son assistantes de vie, qu'elle côtoie journellement ou
presque. Quand elle les voie, ses manifestations de joie, ses rires,
son bonheur sont évidents. Aucun doute n'est permis. Je pense
qu'elle reconnaît également les proches, qui s'occupent d'elle et
qu'elle voit moins fréquemment. Mais a t-elle une véritable
mémoire ? Sans en être certain je le crois fortement.
A mon arrivée en
Nouvelle Calédonie mi-décembre, alors que je ne l'avais pas vue
depuis juin, j'ai perçu dans son attitude et son regard des signes
de plaisir et de reconnaissance. Je l'ai exprimé, ne sachant pas si
mon désir d'être reconnu, ne m'a pas fait trouver dans son regard
plus qu'il ne disait en réalité. Pour ses parents il ne fait aucun
doute qu'elle m'a reconnu. Ce matin même elle a accueilli avec joie
la kinésithérapeute qui la fait travailler en piscine et qu'elle
n'avait aperçue qu'une fois depuis six mois.
Un environnement
familier, calme et aimant, est donc un facteur d'apaisement. Cassy ne
manifeste pas pour autant de mécontentement ou de stress particulier
dans des situations nouvelles. Elle change volontiers de mains et
supporte plutôt bien les voyages en voiture ou en avion.
Elle manifeste, par de
petits pleurs d'alerte, son impatience quand elle veut changer de
position ou de situation. Raz le bol du lit, de la chaise haute ou
vite j'ai faim !
Il n'y a que le mal être
ou la douleur physique qui la font véritablement pleurer.
Malheureusement elle est comme toutes les filles Rett, sensible aux
problèmes gastriques ou respiratoires. C'est surtout dans la maladie
et la souffrance que Cassy montre vraiment du désarroi.
On parle beaucoup à
Cassy, aussi il est certain qu'elle comprend de nombreux mots et
répond donc à des sollicitations. Je ne suis pas assez familier
avec elle pour en faire l'inventaire. Ce dont je suis certain c'est
qu'elle comprend et réagit à son nom et obtempère à « lève
la tête », « ouvre la bouche », « fait un
bisou » Une foule de mots ne sont pas des injonctions, mais
entrent certainement dans sa sphère de compréhension . « on
va manger », « il faut dormir »« c'est
bien », « bravo », « tu as tout fini »,
« tu es belle » et tous les mots tendres qui accompagnent
son quotidien.
Selon moi sa
compréhension va bien au delà des mots liés aux gestes quotidiens.
Un mode de compréhension d'elle même et de son handicap, dont les
contours nous sont inaccessibles existe sans doute, dont il faut
tenir compte. Le principe de précaution ne s'appliquerait-il pas
dans cette situation ?
Cassy j'en suis certain a
conscience de son handicap et en souffre. Sa mère m'a montré ses
efforts pour utiliser une de ses mains, l'autre étant retenue, car
elle ne peut pas se concentrer sur les deux à la fois qui s’agitent
fébrilement. Elle la lance pour attraper un jouet, mais le heurte
seulement . Elle voudrait le saisir, recommence, mais n'y
parvient pas et en souffre. Cette souffrance, ses parents en sont
convaincus, peut aller jusqu'à une tristesse telle qu'elle confine
parfois à la dépression.
Pour s'exprimer enfin,
Cassy dispose d'un atout irremplaçable, ses yeux et avec ses yeux
son sourire et son rire.
Cassy a de beaux yeux ou
se rencontrent le vert, le noisette et le jaune, en association et en
intensité variables selon la lumière et l'humeur. Le regard de
Cassy, son père a mille fois raison, n'est plus un regard de bébé,
c'est un regard de petite fille, riche d'une incroyables palettes
d'expressions, qu'il nous appartient de lire.
Bien sur il est des
moments trop fréquents ou Cassy se réfugie dans son monde
d'autiste, un territoire effrayant, lointain et inaccessible. Dans
ces moments ses yeux sont mornes et vides, rien n'a de valeur, ni
rires, ni mimiques. Le temps est aboli. Cassy n'est pas Cassy.
Cassy est quand même, le
plus souvent présente, elle regarde autour d'elle, suit les
mouvements, interpelle, elle répond aux sollicitations, en quelque
sorte, elle participe.
La palette des regards et
des expressions, va de la colère à la franche joie en passant par
le reproche, la lassitude, l'inquiétude, l'appel au secour, l'ennui,
la résignation, l'indifférence, le sommeil, l'ironie, la
condescendance, l'approbation, la confiance, l'amusement,
l'interpellation, le plaisir, l'affection, la tendresse.
Il n'y a pas un seul
sourire, mais des dizaines de regards qui constituent un véritable
langage. Les yeux sont le reflet de l'âme dit-on, en ce sens Cassy
ne fait ni plus ni moins que les autres enfants. Oui, mais Cassy ne
s'exprime que par son visage et la maladie et les tics rendent leur
lecture moins évidente. Il faut beaucoup de proximité et d'intimité
pour bien lire dans ses yeux.
Sur ce point ma note
précédente était trop lapidaire. Je parlais du sourire comme s'il
n'y en avait qu'un seul. En fait le puissant lien qui unit les filles
Rett et leurs proches est renforcé par une communication riche et
variée, certes non conventionnelle, mais riche de mots, de gestes
mais surtout de regards. De cette communication et de la capacité de
compréhension des enfants, on ne sait rien. Il parait donc prudent
de les protéger d'une compassion trop marquée ou de discours trop
pessimistes ou alarmistes les concernant. Le mieux semble donc être
de les entourer de mots gentils et encourageants et de joie de vivre.


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