Décidément,
Nouméa est le lieu de toutes les expériences. L'occasion m'étant
offerte, c'est bien volontiers que j'expérimente une séance de
relaxation par les bols tibétains.
Je
suis fasciné par l'ingéniosité des forgerons du Tibet, du Népal,
du Bhoutan du Ladakh ou de l'Orissa dans le nord de l'Inde qui ont su
mettre au point un alliage unique de sept métaux : argent
(lune) cuivre (vénus) étain (Jupiter) fer (mars) mercure (mercure)
or (soleil) plomb (saturne). L'éclat du métal évoque un peu,
l'opale ou la nacre. Les bols authentiques sont forgés patiemment à
la main. Certains ont plutôt la taille d'un grand saladier que d'un
bol. Frappés avec un maillet ils entrent en vibration et caressés
sur l'arrête, chantent longuement. Chacun a un son qui lui est
propre, du plus aigu, pour les petits, au plus grave pour les grands.
Leur
utilisation daterait de l'age du Bronze. Les Bouddhistes les
utilisaient pour leurs facultés curatives. Certains parlent même de
pratiques chamaniques. Il ne s'agit pas de musique, mais bien de
sons, des vibrations qui engagent le corps tout entier et pas
seulement l'oreille. Leur utilisation relève donc du champ de la
sono thérapie et non de la musicothérapie. Il s'agit donc d'une
sorte de massage par des vibrations qui pénètrent au plus profond
du corps et entrent en raisonnance avec lui.
Les conditions climatiques du jour sont particulières, l'île est à nouveau en pré alerte cyclonique, la chaleur humide est étouffante. La petite pièce ou va se dérouler la séance est déjà prête : un matelas drapé de blanc, Une vingtaine de bols sont déjà répartis autour de la place ou je vais m'allonger. Évelyne est allée les acheter au Népal, dans des quartiers de forgerons. Elle est vêtue de blanc, elle a la voix douce, le geste calme et assuré. Elle me sait un peu septique, mais elle est sure de son fait.
Les conditions climatiques du jour sont particulières, l'île est à nouveau en pré alerte cyclonique, la chaleur humide est étouffante. La petite pièce ou va se dérouler la séance est déjà prête : un matelas drapé de blanc, Une vingtaine de bols sont déjà répartis autour de la place ou je vais m'allonger. Évelyne est allée les acheter au Népal, dans des quartiers de forgerons. Elle est vêtue de blanc, elle a la voix douce, le geste calme et assuré. Elle me sait un peu septique, mais elle est sure de son fait.
L'air
conditionné, enlève un peu la touffeur ambiante. Montre et
lunettes, mis de côté, en fait tous les objet en métal, me voilà
allongé, entouré de bols, Evelyne en place un sur ma poitrine et
sur mon ventre une sorte de soucoupe ronde qui doit émettre
plusieurs sons selon l'endroit ou elle est frappée.
Une
musique relaxante ouvre la séance, elle la clôturera. Je ferme les
yeux bien décidé à me laisser aller. Doucement, les premières
percussions commencent sur les bols proches de mes pieds. Chaque bol
un son qui lui est propre, pour le moment je ne ressens rien.
Le
rythme des frappes et leur force s'intensifie. Mes mains sont posées
à plat le long de mon corps, mais un peu à distance. Je n'ai pas eu
de directives. Les vibrations se rejoignent pour produire un son
unique, continu, une sorte de grondement puissant. Mes doigts, mes
mains, mes bras puis tout mon corps se mettent à vibrer. J'ai
l'impression que cette vibration est produite par mon corps, que le
son sort de moi, que je le produit. Mon corps et lourd J'ai
l'impression qu'il n'y a plus de vide entre mes jambes, ni entre mes
bras et mon corps. Les frappes sur le grand bol posé sur ma poitrine me clouent littéralement au sol. je suis un bloc soudé au sol, comme
un gisant de pierre, un bloc qui pèse des tonnes et relâche vers le
ciel un interminable éclair. Effectivement j'ai plus une sensation
de lumière que de son. Ce sera le moment le plus fort de la séance.
Progressivement,
les frappes s'espacent leur intensité diminue. Évelyne a arrêté les bols et caresse doucement le drôle d'instrument posé sur mon
ventre qui émet des sons cristallins, une sorte de musique.
Immédiatement mon corps retrouve sa légèreté (oui enfin je me
comprends, je passe de la densité de la pierre à celle de la
chair). Ce flux de sons ne sort pas, il pénètre dans mon corps, par
le ventre, je récupère un peu de ce qui s'en est échappé.
Sensation de bien être.
Troisième
séquence ; enfin c'est moi qui fait ce découpage. Les
percutions de bols reprennent, plutôt modérément au niveau du milieu de mon corps. Je ne ressens rien, elles s'accélèrent mais
sans prendre l'intensité des premières frappes. Je me rend compte
alors que mon corps est isolé, aucune vibration n'en sort, aucune
n'y pénètre. J'ai l'impression d'être sous une cloche de verre qui
empêche les sons d'arriver jusqu'à moi. Je suis protégé du
tonnerre par une cloison invisible.
Ce
n'est que progressivement qu'ils parviennent jusqu'à moi et me
pénètrent. Ce n'est plus moi qui vibre qui expulse du son, c'est le
son qui vient à moi, qui me remplit. Tout ce que j'avais perdu me
revient, d'abord dans le corps, puis dans les membres, les doigts. A
un moment la sensation devient désagréable, je suis plein, je ne
peux plus absorber aucune vibration. Il faut que ça s'arrête. Et ça
s'arrête ! Des grelots, un bruit d'eau qui cascade, retour au
calme, enfin.
Les
frappes de bols, plutôt ceux qui sont proches de ma tête,
reprennent. Le rythme est tranquille, les sons variés, pas de
tonnerre. Ces sons là me traversent, ils rentrent par ma tête et
sortent par mes jambes qui vibrent réellement, je les sens trembler.
Je suis comme un tuyau dans lequel le son s'écoule comme un
fluide... et c'est à partir de là que le petit JC, celui qui veille
et observe ce que ressent le grand JC, perd sa vigilance... je crois
bien que cela s'appelle dormir et en dormant rêver... rêver à
quoi ? Cela réjouira Évelyne... je suis dans un champ de
fleurs blanches... je crois même que je les cueille. Comme rêve New
age on ne fait pas mieux ! Enfin, je suis formel, c'est le rêve
que j'ai fait. Je l'assume.
De
toute la séance je n'ai jamais senti que mes oreilles étaient
concernées, je n'ai entendu, au sens habituel, qu'en tout début et
toute fin. Le reste du temps tout le ressenti passait par le corps.
Longtemps après la séances j'ai eu des picotements et des démangeaisons, comme des séquelles des vibrations reçues.
La
petite musique marque la fin de la séance et me ramène à la
réalité ; mais calmement, posément, je vous assure que pour
être détendu, je suis détendu, pas pressé du tout de sortir dans
la moiteur étouffante et de revenir dans la circulation de Nouméa.
Je
raconte tout ça à Évelyne, elle est satisfaite, séance réussie,
parfaitement réussie même, le summum c'est mon rêve du champ de
fleurs blanches. Je n'aurais pas du lui en parler, à vous non plus
d'ailleurs. Il va me suivre longtemps.
c'est ton jardin interieur papa!!!
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