Je vous préviens cet
article n'a ni queue ni tête.
Le relais de Poingam est un hébergement
en Bungalow ou en camping, juste en front de mer. Question
restauration c'est une table exceptionnelle, réputée sur tout le
territoire. Il faut s'y prendre bien à l'avance pour réserver et
ainsi faire partie des privilégiés.
Le patron du relais, originaire du
Limousin à inventé une cuisine métisse qu'il qualifie de gauloise
et mélanésienne. Les poissons, coquillages et crustacés sont ceux
du lagon, les cerfs et les cochons sauvages qui subissent le supplice
de la broche son chassés dans la forêts avoisinantes et les fruits
et légumes sont cultivés dans plusieurs potagers. (Voir post sur
le potager). La sauce au choux Kanaks, les pousses tendres de
chouchoutes et la choucroute de Papaye n'ont rien d'étonnant dans
ce contexte.
J'ouvre une parenthèse québécoise
qui est aussi un clin d’œil à Agnès. Les salariés de l'usine
Doniambo nord de nickel, expatriés, condamnés à vivre à Koné
montent à Poingam pour le week end. L'usine est construite par un
consortium associant Australiens et Canadiens. Outre l'extraction du
nickel , une centrale électrique au charbon rachetée à l'Inde est
également mise en service. A l'image des Américains, les
Australiens ne sortent pas de la mini Australie qu'ils reconstituent
sur leur lieu de travail, partout ou ils se trouvent. Les Québécois,
ces plus que Français, sont curieux de leur pays d'accueils et
partent à sa découverte. Un petit groupe de québécois joviaux,
(ils le sont par nature) à donc mis le relais de Poingam à l'heure
québecoise. Il était tout à fait curieux, mais pas désagréable,
d'entendre l'accent du Québec dans ce coin perdu au fin fond de la
Nouvelle Calédonie. Les mots Québec, Trois Rivière et et Montréal
sont donc ceux que j'ai le plus entendus. Fermons la parenthèse.
Quelques photos et un aperçu de la
carte hautement poëtique du restaurant vous mettront l'eau à la
bouche par contre l'anecdote qui va suivre devrait vous couper
l'appétit.
L'anecdote d'abord, il y est question
de cannibales.
Une équipe de NC1, la première chaîne
de télévision Calédonienne, dont le cameraman était originaire de
Terre Neuve, (je sais ça n'apporte rien au récit, mais ça fait
écho aux québécois) était présente au relais, accompagnée
d'un historien, âgé de 98 ans, spécialiste d'histoire maritime.Je
n'ai malheureusement pas eu l'occasion de lui parler et de demander
son nom. Ils étaient venus tourner un court sujet sur des événements
survenus en 1850 dans l'îlot Yienghapane, le plus proche de la côte.
L'historien devait être questionné sur l'îlot même ou se sont
déroulés les faits que je vais vous conter. Il n 'avait de sa
vie jamais mis les pieds sur ce lieu d'histoire.
Un navire Français chargé de trouver
un passage qui permettrait aux navires d'éviter de contourner loin
au nord les îles Belep, pour passer de la côte ouest à la côte
est a dépêché une chaloupe avec 12 hommes à bord pour reconnaître
les lieux. Ces hommes ont débarqué sur l'îlot Yienghapane, ils
furent capturés par les habitants et huit d'entre eux immédiatement
mangés.
Le cannibalisme était une pratique
courante dans toutes les îles mélanésiennes, à la fois rituel, à
l'occasion des conflits inter-tribaux, mais aussi parce que mis à
part les roussettes,les rats et quelques oiseaux,il n'y avait pas de
gibier sur les îles. Les cerfs et les cochons sauvages qui pullulent
aujourd'hui ont été amenés par les nouveaux habitants.
Donc huit marins mangés et les quatre
autres enfermés dans des cages en attendant de subir le même sort.
Ne voyant pas revenir la chaloupe. Le
capitaine du navire s'inquiète, interroge des indigènes et ne tarde
pas à apprendre le sort réservé à ses hommes. N'oublions pas que
l'on est en 1850, que James Cook avait découvert l'île presque cent
ans auparavant et que depuis lors les contacts avec explorateurs,
marchands et premiers missionnaires avaient déjà fait reculer la
pratique de l’anthropophagie.
Afin de récupérer les survivants et
venger les morts. Le capitaine du navire s'assure du soutien des
tribus de Koumac, un peu plus au sud, qu'il sait en rivalité
ancestrale avec celles de Poum, dont dépend l'îlot, pour organiser
une expédition punitive. Tous les habitants de l'îlot sans
exception furent massacrés et les quatre marins en cage sauvés. Ce
qui n’empêchera pas l'un d'entre eux de devenir fou.
Il s'agit du dernier grand exemple de
cannibalisme connu en Nouvelle Calédonie. Cette île, plus que
beaucoup d'autre à suscité la méfiance et la peur chez les
explorateurs qui ne s'y aventuraient qu'avec mille précautions. La
réputation de populations pacifiques véhiculée par Cook, n'a pas
longtemps résisté à quelques banquets indigènes.
Le bras de mer entre la grande terre et
les îlots s'appelle « boat pass », la mission a donc au
bout du compte été couronnée de succès.
Tel était le sujet du reportage de NC
1.
Je vous garantis que la carcasse qui
tourne sur la broche est bien celle d'un jeune cerf, en tout cas
c'est ce que l'on m'a affirmé. Même si ce n'en était pas je vous
assure que cette viande était succulente.
Superbes photos !
RépondreSupprimerje revois la visite avec plaisir
Effectivement, le relais de Poingam vaut le détour
en passant....c'est Anny !! et non pas Agnès....Ah ! l'accent...par contre le lapsus est amusant puisque Agnès c'est ma copine française qui vit au Québec
Bon voyage !
Agnès est ma fille qui étudie à Montréal. Le clin d'oeil est pour elle. Merci pour ce commentaire et le renvoi à mon blog dans ton denier article.
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