lundi 24 février 2014

Gastronomie, Québec et cannibalisme




Je vous préviens cet article n'a ni queue ni tête.
Le relais de Poingam est un hébergement en Bungalow ou en camping, juste en front de mer. Question restauration c'est une table exceptionnelle, réputée sur tout le territoire. Il faut s'y prendre bien à l'avance pour réserver et ainsi faire partie des privilégiés.

Le patron du relais, originaire du Limousin à inventé une cuisine métisse qu'il qualifie de gauloise et mélanésienne. Les poissons, coquillages et crustacés sont ceux du lagon, les cerfs et les cochons sauvages qui subissent le supplice de la broche son chassés dans la forêts avoisinantes et les fruits et légumes sont cultivés dans plusieurs potagers. (Voir post sur le potager). La sauce au choux Kanaks, les pousses tendres de chouchoutes et la choucroute de Papaye n'ont rien d'étonnant dans ce contexte.

J'ouvre une parenthèse québécoise qui est aussi un clin d’œil à Agnès. Les salariés de l'usine Doniambo nord de nickel, expatriés, condamnés à vivre à Koné montent à Poingam pour le week end. L'usine est construite par un consortium associant Australiens et Canadiens. Outre l'extraction du nickel , une centrale électrique au charbon rachetée à l'Inde est également mise en service. A l'image des Américains, les Australiens ne sortent pas de la mini Australie qu'ils reconstituent sur leur lieu de travail, partout ou ils se trouvent. Les Québécois, ces plus que Français, sont curieux de leur pays d'accueils et partent à sa découverte. Un petit groupe de québécois joviaux, (ils le sont par nature) à donc mis le relais de Poingam à l'heure québecoise. Il était tout à fait curieux, mais pas désagréable, d'entendre l'accent du Québec dans ce coin perdu au fin fond de la Nouvelle Calédonie. Les mots Québec, Trois Rivière et et Montréal sont donc ceux que j'ai le plus entendus. Fermons la parenthèse.


Quelques photos et un aperçu de la carte hautement poëtique du restaurant vous mettront l'eau à la bouche par contre l'anecdote qui va suivre devrait vous couper l'appétit.

L'anecdote d'abord, il y est question de cannibales.

Une équipe de NC1, la première chaîne de télévision Calédonienne, dont le cameraman était originaire de Terre Neuve, (je sais ça n'apporte rien au récit, mais ça fait écho aux québécois) était présente au relais, accompagnée d'un historien, âgé de 98 ans, spécialiste d'histoire maritime.Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de lui parler et de demander son nom. Ils étaient venus tourner un court sujet sur des événements survenus en 1850 dans l'îlot Yienghapane, le plus proche de la côte. L'historien devait être questionné sur l'îlot même ou se sont déroulés les faits que je vais vous conter. Il n 'avait de sa vie jamais mis les pieds sur ce lieu d'histoire.

Un navire Français chargé de trouver un passage qui permettrait aux navires d'éviter de contourner loin au nord les îles Belep, pour passer de la côte ouest à la côte est a dépêché une chaloupe avec 12 hommes à bord pour reconnaître les lieux. Ces hommes ont débarqué sur l'îlot Yienghapane, ils furent capturés par les habitants et huit d'entre eux immédiatement mangés.

Le cannibalisme était une pratique courante dans toutes les îles mélanésiennes, à la fois rituel, à l'occasion des conflits inter-tribaux, mais aussi parce que mis à part les roussettes,les rats et quelques oiseaux,il n'y avait pas de gibier sur les îles. Les cerfs et les cochons sauvages qui pullulent aujourd'hui ont été amenés par les nouveaux habitants.

Donc huit marins mangés et les quatre autres enfermés dans des cages en attendant de subir le même sort.

Ne voyant pas revenir la chaloupe. Le capitaine du navire s'inquiète, interroge des indigènes et ne tarde pas à apprendre le sort réservé à ses hommes. N'oublions pas que l'on est en 1850, que James Cook avait découvert l'île presque cent ans auparavant et que depuis lors les contacts avec explorateurs, marchands et premiers missionnaires avaient déjà fait reculer la pratique de l’anthropophagie.

Afin de récupérer les survivants et venger les morts. Le capitaine du navire s'assure du soutien des tribus de Koumac, un peu plus au sud, qu'il sait en rivalité ancestrale avec celles de Poum, dont dépend l'îlot, pour organiser une expédition punitive. Tous les habitants de l'îlot sans exception furent massacrés et les quatre marins en cage sauvés. Ce qui n’empêchera pas l'un d'entre eux de devenir fou.

Il s'agit du dernier grand exemple de cannibalisme connu en Nouvelle Calédonie. Cette île, plus que beaucoup d'autre à suscité la méfiance et la peur chez les explorateurs qui ne s'y aventuraient qu'avec mille précautions. La réputation de populations pacifiques véhiculée par Cook, n'a pas longtemps résisté à quelques banquets indigènes.

Le bras de mer entre la grande terre et les îlots s'appelle « boat pass », la mission a donc au bout du compte été couronnée de succès.

Tel était le sujet du reportage de NC 1.

Je vous garantis que la carcasse qui tourne sur la broche est bien celle d'un jeune cerf, en tout cas c'est ce que l'on m'a affirmé. Même si ce n'en était pas je vous assure que cette viande était succulente.













2 commentaires:

  1. Superbes photos !
    je revois la visite avec plaisir
    Effectivement, le relais de Poingam vaut le détour

    en passant....c'est Anny !! et non pas Agnès....Ah ! l'accent...par contre le lapsus est amusant puisque Agnès c'est ma copine française qui vit au Québec

    Bon voyage !

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    1. Agnès est ma fille qui étudie à Montréal. Le clin d'oeil est pour elle. Merci pour ce commentaire et le renvoi à mon blog dans ton denier article.

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